vendredi 6 mars 2020

Regarder : dans le noir



Une toile de Soulages ? Non. Un merveilleux détail.
Trois doigts dépassant à peine d'un ample habit noir.


C'est le portrait d'un gentilhomme exécuté au tournant du XVIème siècle.
Le peintre, milanais, s’appelait Giovanni Antonio Boltraffio.
Il eut Léonard pour maître et travailla à ses côtés comme assistant. 
Quant au modèle, il se pourrait que ce soit le poète Girolamo Casio,
qui était aussi antiquaire, humaniste et un important commanditaire.
Mais ce n'est là qu'une hypothèse ... rien n'est certifié. 
Dans tous les cas, je n'en mettrais pas ma main à... couper.

Galerie des Offices / collection Contini-Bonacossi

4 commentaires:

  1. Heureusement que le détail en gros plan amuse…
    parce que lui, vraiment, il n'a pas l'air commode !…
    Noir c'est noir, il n'y a pas beaucoup d'espoir !
    Même face à cela une œuvre de Soulages… ça soulage…

    RépondreSupprimer
  2. ah! des goûts et des (non) couleurs...!
    c'est marrant : la vue est mon sens le plus affûté et quand je trouve qqch moche, je regarde ailleurs. Il y a tant de beautés dans le monde que je me tourne vers elles et me détourne instinctivement de la laideur. Nous sommes soumis non seulement à la pollution atmosphérique, lumineuse et sonore, mais aussi à celle des images laides. Pourtant, la mocheté a un impact sur notre esprit. Nous devrions selon moi y être plus sensibles et nous l'éviter autant que possible. De même que nous gagnons à nous tourner vers de "belles personnes", nous devrions nous tourner vers de "belles images" (=celles qui nourrissent notre imaginaire et notre sens du Beau).
    Ce peintre que je ne connaissais pas a fait un travail incroyable en peignant un portrait d'après nature. Plus question de règles codifiées, il a reproduit le visage tel qu'il était avec ses attributs, sans l'enjoliver, de telle sorte que quiconque pouvait reconnaître le sujet, il fait preuve d'une virtuosité admirable. De plus, le noir me semble mettre en évidence les traits du visage et la peau de la main dans un rendu d'une grande sobriété. En ce sens, ce portrait me semble admirable. Quant aux trois doigts qui dépassent, c'est... tellement inventif! ça m'inspire une grande tendresse!
    Beau WE à toi! qu'il soit rempli de beautés et d'élégances (et surtout : que tu saches les voir!)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout ce que tu dis à propos des « belles images », je le partage. Dans notre maison, nous nous sommes toujours efforcés de l'environner de belles choses, belles à nos yeux évidemment. Peintures, sculptures, photographies, objets…
      il en fut de même pour certains cadeaux que j'ai fait à mes enfants.
      Bien entendu cela reste en grande partie très personnel. J'ai dans mon bureau des œuvres qui ne plaisent pas trop à celle qui partage ma vie. D'autres si. Mais pour les choix communs, nous avons vibré de même façon. Il y eut de véritables coups de cœur instantanés et réciproques.
      Je me doute que le tableau de ce billet te rejoignait. Moi pas. J'aurais peut-être dû le dire avec plus de nuance… (sauf que j'ai bien aimé le détail de la main).
      En raison de tes explications je l'ai regardé plus attentivement.
      Est-ce qu'on peut regarder avec les yeux de quelqu'un d'autre ? On peut entendre ce qu'il en dit en tout cas. C'est peut-être le plus important de tenter de m'imprégner que cette toile t'inspire une grande tendresse.

      Supprimer
    2. La beauté est qqch de tellement personnel ! Il n'existe pas de beauté dans l'absolu, je crois. Elle est un mélange d'harmonie et d'émotions, elle fait appel aux divers sens d'un individu et à sa mémoire émotive et sensorielle aussi.
      En te répondant, je ne voulais pas - comprends-moi bien - t'inviter à aimer ce tableau, ni te convaincre de sa beauté, ni justifier mon choix à le présenter. Le tableau n'en a pas besoin.
      En réalité je me demande s'il vaut la peine de prendre ne serait-ce que dix secondes pour dire que qqch est moche. Cela m'apparaît comme du temps perdu. Un peu comme de dire que qqn est stupide ou de critiquer une personne qu'on n'aime pas. Ne vaut-il pas mieux se tourner directement vers ce qui enchante ou ce qui fascine ? N'est-ce pas perdre sa précieuse énergie que de parler de ce qu'on n'aime pas? Ou alors on prend le temps de comprendre et on argumente. ET quand on fait ça, attention, ce qui risque d'arriver, c'est qu'on se prend au jeu et qu'on finit par trouver l'objet intéressant, digne d'attention et de respect. On finit par trouver sinon de la beauté, mais de la valeur à la chose regardée.
      Et comme tu as accompagné des humains durant des années, tu peux comprendre que c'est exactement ce qui se passe avec eux : difficile de détester qqn dont on connaît la trajectoire et les expériences. Qqn qui nous apparaît comme antipathique au prime abord ne fait que parler à notre mémoire, égratigner des zones sensibles en nous. Quand on finit par décoder, on ne voit qu'une personne qui a ses raisons d'être comme elle est.
      Voilà où je voulais en venir : les personnes sont des œuvres d'art et... les œuvres d'art sont pareilles à des personnes! c'est aussi simple que cela! Beau dimanche à toi.

      Supprimer