Déchets / Julie Nahon / 2019 / d'après Les glaneuses de J.F. Millet /1857 / Musée d'Orsay
Trouvé cette image dans l'exposition "Agriculture and Architecture : Taking the Country's Side". Ce travail, censé présenter les possibilités d'intégration de l'agriculture dans la ville (ou la possible coexistence des deux activités au sein d'un même territoire) ne m'a pas vraiment convaincue. Trop didactique, pas assez interactif, ne laissant que peu de place à l'imaginaire pour concevoir un indispensable équilibre entre nos besoins et nos ressources. En revanche, la composition de Julie Nahon m'a parlé. Nous en arrivons au stade où nous plaindre des dégradations infligées à la planète devient inutile. Modifier nos comportements de consommation ne suffit pas : il devient nécessaire de plonger les mains dans le cambouis.
La campagne des environs n'est pas particulièrement fréquentée. En apparence, elle est bien entretenue. Néanmoins, toutes sortes de rebuts, d'emballages en lambeaux se retrouvent au pied des arbres. Ce matin : les restes incongrus d'un repas pris par quatre personnes, bouteilles de bière et assiettes en plastique à moitié remplies, trônaient dans une clairière. Il y a peu, je suis montée remplir un sac de 35 litres, puis un deuxième, avec d'innombrables fragments de bâches, de pitoyables et noirs résidus d'on ne sait quelle activité humaine.
Inutile de pester. Inutile d'affirmer "ce n'est pas moi qui". Inutile de se dire "si tout le monde le faisait". Inutile de penser à quoi que ce soit. Se pencher. Ramasser. Glaner. Être concerné. Se sentir impliqué.
La campagne des environs n'est pas particulièrement fréquentée. En apparence, elle est bien entretenue. Néanmoins, toutes sortes de rebuts, d'emballages en lambeaux se retrouvent au pied des arbres. Ce matin : les restes incongrus d'un repas pris par quatre personnes, bouteilles de bière et assiettes en plastique à moitié remplies, trônaient dans une clairière. Il y a peu, je suis montée remplir un sac de 35 litres, puis un deuxième, avec d'innombrables fragments de bâches, de pitoyables et noirs résidus d'on ne sait quelle activité humaine.
Inutile de pester. Inutile d'affirmer "ce n'est pas moi qui". Inutile de se dire "si tout le monde le faisait". Inutile de penser à quoi que ce soit. Se pencher. Ramasser. Glaner. Être concerné. Se sentir impliqué.
Oui. Tout est dit dans ton billet, Dad.
RépondreSupprimerMaintenant, c'est devenu automatique : je rentre de balade avec quelques déchets qui se trouvaient sur mon chemin. Ils ne heurteront plus ma vue lors de la balade suivante et en plus, ça fait travailler les articulations, que des avantages!!!
SupprimerUn nouvel état d'esprit s'engage lentement. Les comportements se modifient, tout aussi lentement. Trop lentement évidemment. Les petits gestes du quotidien, humblement exécutés finiront bien par provoquer un « effet papillon ». Je vois bien qu'en ce qui me concerne j'ai changé certains comportements plus « responsables » au regard de la sauvegarde du bien commun. Cela m'a toujours animé au niveau du respect des personnes et de leur dignité. J'ai clairement vécu des engagements en ce sens. Mais pour ce qui est du respect de ce qu'on appelle l'environnement, je n'y prêtais guère attention. J'ai changé. Par osmose pour l'essentiel. Je veux dire que je n'ai jamais décidé de changer un matin en me levant. Cela s'est fait peu à peu comme une sorte de « naturel retrouvé ». C'est peut-être là la dimension importante : retrouver ce naturel que nous appartenons à… la nature… nous en sommes partis prenantes et nous la composons par essence. Percevoir que quand nous m'abîmons, nous nous abîmons nous-mêmes.
RépondreSupprimerJe t'avouerais que depuis quelque temps j'utilise le mot "environnement" avec circonspection. L'Homme serait donc au centre, environné par le contexte, la nature, les animaux, les autres manifestations de la vie ? Ce serait le séparer de son essence éminemment "naturelle" : il fait intégralement partie du monde vivant (comme les végétaux, les animaux, les eaux). Considérer ces derniers comme "l'environnement", c'est nous couper de notre essence fondamentale. Cette séparation est superficielle et finira sans doute par nous être nuisible, car nous sommes tous dans le même bateau. C'est un changement de paradigme. Nous ne sommes pas "supérieurs", nous nous sommes crus supérieurs, importante nuance. Tu le dis très bien : "nous en sommes partie prenante et nous la composons par essence. Percevoir que quand nous l’abîmons, nous nous abîmons nous-mêmes. " On ne saurait mieux dire. Belle soirée à toi!
SupprimerC'est sans doute une perception erronée du mot « environnement ». L'environnement humain et matériel est partie prenante de la personnalité. Et en quelque sorte constitutif d'elle-même par prolongement. La personne humaine ne peut avoir aucun développement sans un environnement favorable. Pourrir la nature, c'est se pourrir soi-même, et c'est être néfaste à autrui.
SupprimerAutrement dit l'environnement est tout sauf séparée de l'humain naturel.
L'environnement ce n'est pas « séparé ou à part "de moi-même comme je le dis d'ailleurs dans la phrase que tu as reprise… fort à propos… (ces trois derniers mots sont du plus beau narcissisme qui soit ! ;-) )
"Nul homme n'est une île". D'où vient donc que l'être humain a tendance à se concevoir séparé? Séparé des autres, séparé de son environnement. Avec une fichue tendance à se sentir une espèce supérieure (et à élaborer des classements au sein de cette même espèce) ? Voilà une question qui mériterait peut-être, cher Alain, que tu lui consacres un billet, toi qui est le spécialiste des questions de fond ! D'où vient aussi qu'en expédiant nos déchets nuisibles dans le dit Tiers-Monde, nous ayons l'impression de rester en santé ? D'où vient qu'en leur sous-payant leurs matières premières de façon éhontée, nous nous sentions ensuite autorisés à les gaspiller ? Que de questions en suspension...
SupprimerCette question de séparation (illusoire), je pense qu'elle est au centre de la plupart de nos problèmes : qu'il s'agisse de problèmes de société, personnels, sanitaires ou autres . Penser globalement, agir localement. Il y a quarante ans, quand j'ai découvert la pensée systémique avec le livre de Fritjof Kapra, "Le temps du changement", j'ai été percutée par ce slogan. Il se révèle toujours plus d'actualité.
Eh bien, "narcissique" ami :))), voilà de quoi méditer en cette belle journée. Je te souhaite une splendide après-midi (suis allée avec le chien dans la forêt, miraculeuse, grouillante d'insectes et de fleurs nouvelles, n'avons croisé qu'un cheval avec sa cavalière à pied, une colonie de guêpes bourdonnantes et un renardeau aventureux).