L'annonciation / Simone Martini / Galerie des Offices / Florence
Comment réagir face à une importante sollicitation ? Comment faire face à un engagement qui paraît trop énorme ? Le premier réflexe n'est-il pas le refus, la peur, le retrait ? Dans les diverses versions de l'Annonciation, Marie réagit de différentes manières : parfois sereine, souriante, voire béate, en un mot : prête. Et parfois réticente, bouleversée, voire effrayée, par conséquent : plus humaine. Dans la proposition de Simone Martini, Marie se défend, Marie (qui tient un exemplaire de la Bible dans sa main gauche et pressent de manière anachronique ce qui l'attend) ne se sent peut-être pas à la hauteur. Elle est en proie au doute, à la méfiance. Marie hésite, ne veut pas, ne peut pas... encore. Marie si proche de nous, quand nous nous trouvons face à un choix difficile, dont nous soupçonnons l'ampleur et les conséquences.
Tu parles d'une nouvelle ! De quoi se demander : c'est qui qui m'a défloré pendant que je dormais ? Il y a de quoi se poser des questions. En plus si c'est vrai qu'elle pressent le bazar que ça va être (ce dont je doute sérieusement)… il y a de quoi jeter le bébé avec l'eau du bain…
RépondreSupprimerLe problème c'est que personnellement je crois pas cette histoire ! Je veux dire « en vrai ». C'est un classique du dieu venant engrosser une mortelle, à la sauce biblique. Et toutes ces représentations sont pour appâter le chaland.
On n'est pas loin de : si tu ne crois pas celle-là, je peux t'en raconter une autre…
un choix difficile est difficile quand c'est véritablement un choix personnel,. Comportant à la fois la joie et le bonheur du renoncement à autre chose. Pas quand c'est je ne sais trop quelle entité extérieure qui vient imposer sa loi ! Parce qu'alors, de choix, il y en a pas !
C'est la représentation d'un Dieu macho, où toutes les femmes exécutent ses ordres.
D'ailleurs c'est comme ça dans l'église actuelle depuis 20 siècles… il y en a des choses à revoir ! Mais on ne la reverra pas de sitôt évidemment. Puisque la Tradition, c'est la Tradition. Circulez y a rien à voir !
La foi mystique, c'est tout à fait autre chose…
Est-ce cela une femme humaine et libre ? Je vois plutôt une soumise qui a la trouille !
À juste titre, car elle a pas intérêt à dire non… sinon… les foudres divines… et l'enfer… aïe aïe aïe !
Mais bien entendu par ailleurs ce que tu dis sur la réalité des choix difficiles et de leurs conséquences, j'y souscris totalement.
Pas convaincu par cette histoire ? Le nombre de "croyants" qui n'y croient pas ! l'Immaculée conception ne recueille pas bcp d'adeptes, on dirait ?
RépondreSupprimerPour ma part, quand je regarde les diverses Visitations, surtout celles traitées par les peintres du Moyen Age et de la Renaissance, je ne me pose pas la question d'y croire ou pas. Je suis dans l'histoire qu'on me dépeint (et celle-ci n'est pas plus farfelue que tant d'autres qu'on nous assène au cinema ou dans la littérature). J'y suis et je regarde comment le peintre traite le sujet. Chaque artiste donne sa version. Ici, Simone Martini met l'accent non pas sur la "bonté" de Marie, son adhésion, son acceptation. Non : il insiste sur sa peur, son refus. Elle est bouleversée et réticente. Elle entrevoit tout ce qu'elle va devoir vivre. Du reste, Simone Martini croyait-il lui-même à l'histoire ? Pas sûr du tout. Et pas important, non plus. Le génie créateur, c'est d'inventer une version de la scène. Trouver des postures, des coloris, des expressions pour donner une version originale (et belle) d'un thème appartenant à la culture religieuse. Jusqu'au milieu du XIVème siècle, les visages étaient figés, les expressions codifiées. Ici, quelque chose de nouveau émerge. En cela, cette peinture datant de 1330 environ, est unique (et la contempler dans les Offices déserts fut un silencieux privilège).
Le féminisme et la religion (ici : catholique) c'est un tout autre registre. Ayant mis les voiles à 15 ans, je n'y connais pas grand chose. Je ne remets les pieds dans une église (souvent) que pour en contempler les richesses artistiques avec fascination.
Quant à la liberté des femmes, veille du 8 mars ou pas, c'est encore autre chose. Long est encore le chemin et nombreuses les embûches à surmonter. Dans l'Eglise et ailleurs. Ailleurs surtout.
Le mot que tu écris et que je retiens, c'est "libre". Que tous les êtres puissent être libres de s'exprimer et de se comporter selon leur choix, en individus conscients, responsables et solidaires, voilà le véritable défi. On peut rêver... à la veille du 8 mars comme tous les autres jours de l'année...