Auteur ? / Galerie des Offices / Florence
Lire. Oui. En ce moment, du temps pour lire on en a. A profusion. Mais que lire ? Là est la question.
En Italie, comme ailleurs, on a vendu ces dernières semaines un nombre exponentiel d'exemplaires de La Peste. L'autre jour, une émission censée donner des conseils culturels pour affronter le confinement, ne proposait que des créations littéraires ou cinématographiques dont le thème était, d'une manière ou d'une autre, l'emprisonnement et l'encerclement, avec des héros sachant tenir bon. Tous les conseils reçus - et dieu sait s'il en pleut de toutes parts - sont certainement donnés avec les meilleures intentions, mais ne sont pas forcément de nature à soulager. Si cela peut faire du bien à certains de trouver des analogies entre ces œuvres et leur vécu actuel, tant mieux et qu'ils en tirent profit, mais c'est loin d'être mon cas. Les histoires de clôture, quelles qu'elles soient, auraient plutôt tendance à me déprimer. La lucidité de Camus reste ancrée dans ma mémoire et il n'est pas un jour où je ne pense à des expériences comme celle de Primo Levi. Mais, alors qu'en temps ordinaires, je peux me pencher sur ces thématiques, qui nourrissent ma réflexion sur l'humain, là, juste ici, maintenant, je ressens un irrépressible désir de grands espaces et d'évasion. Les temps sont tout autres qu'ordinaires : impossible de me mettre à lire en mode peste et autres calamités. Je suis mon instinct et il m'invite à suivre Boccace, à me mettre au vert, à plonger dans des histoires plaisantes ou aventurières, à stimuler ma créativité et mon imaginaire. J'ai soif de Nature Writing, d'écrivains voyageurs, d'explorations et d'horizons grands ouverts.
Et nul besoin de savoir si le livre doit être considéré comme un bien de première nécessité : relire, c'est parcourir à nouveau, c'est redécouvrir. Aime-t-on moins un territoire quand on y retourne et qu'on le visite une nouvelle fois ? N'a-t-on pas toujours les yeux de la première fois ?
Je m'apprête donc à traverser le Montana, à sillonner l'Italie sur des itinéraires méconnus, à suivre Terzani, Tesson et Rumiz dans leurs explorations géo-politiques, à traverser en solo l'Istrie ou à vélo l'Est de l'Europe. Il ne s'agit pas de fuite (les nouvelles sont régulièrement là pour me rappeler à la réalité), il ne s'agit pas de me mettre des œillères. Il s'agit de répondre à une nécessaire aération mentale face à un déchaînement d'informations aptes à vous assommer ou face à une déferlante d'injonctions susceptibles de vous achever.
En Italie, comme ailleurs, on a vendu ces dernières semaines un nombre exponentiel d'exemplaires de La Peste. L'autre jour, une émission censée donner des conseils culturels pour affronter le confinement, ne proposait que des créations littéraires ou cinématographiques dont le thème était, d'une manière ou d'une autre, l'emprisonnement et l'encerclement, avec des héros sachant tenir bon. Tous les conseils reçus - et dieu sait s'il en pleut de toutes parts - sont certainement donnés avec les meilleures intentions, mais ne sont pas forcément de nature à soulager. Si cela peut faire du bien à certains de trouver des analogies entre ces œuvres et leur vécu actuel, tant mieux et qu'ils en tirent profit, mais c'est loin d'être mon cas. Les histoires de clôture, quelles qu'elles soient, auraient plutôt tendance à me déprimer. La lucidité de Camus reste ancrée dans ma mémoire et il n'est pas un jour où je ne pense à des expériences comme celle de Primo Levi. Mais, alors qu'en temps ordinaires, je peux me pencher sur ces thématiques, qui nourrissent ma réflexion sur l'humain, là, juste ici, maintenant, je ressens un irrépressible désir de grands espaces et d'évasion. Les temps sont tout autres qu'ordinaires : impossible de me mettre à lire en mode peste et autres calamités. Je suis mon instinct et il m'invite à suivre Boccace, à me mettre au vert, à plonger dans des histoires plaisantes ou aventurières, à stimuler ma créativité et mon imaginaire. J'ai soif de Nature Writing, d'écrivains voyageurs, d'explorations et d'horizons grands ouverts.
Et nul besoin de savoir si le livre doit être considéré comme un bien de première nécessité : relire, c'est parcourir à nouveau, c'est redécouvrir. Aime-t-on moins un territoire quand on y retourne et qu'on le visite une nouvelle fois ? N'a-t-on pas toujours les yeux de la première fois ?
Je m'apprête donc à traverser le Montana, à sillonner l'Italie sur des itinéraires méconnus, à suivre Terzani, Tesson et Rumiz dans leurs explorations géo-politiques, à traverser en solo l'Istrie ou à vélo l'Est de l'Europe. Il ne s'agit pas de fuite (les nouvelles sont régulièrement là pour me rappeler à la réalité), il ne s'agit pas de me mettre des œillères. Il s'agit de répondre à une nécessaire aération mentale face à un déchaînement d'informations aptes à vous assommer ou face à une déferlante d'injonctions susceptibles de vous achever.
Bonjour. Si j'ose une petite suggestion, toi qui connais bien l'Italie et qui aime l'art sous toutes ses forces. Peut-être l'as-tu déjà lu ou pas: "Le dixième ciel" de Etienne Barilier qui raconte les aventures du Pic de la Mirandole, penseur florentin du 15ème siècle. Salutations de Solange la mésange.
RépondreSupprimerBonjour. Le livre a l'air très intéressant. Je prends note pour une prochaine commande. Merci. Salutations à Solange.
SupprimerAh bon ? On propose de lire des livres calamiteux qui plombent le moral un max ? On peut aussi se visionner sur Internet tous les documents sur les camps de concentration. À moins de relire « ravages » de Barjavel en imaginant que ce n'est pas le phénomène électrique qui disparaît, mais un sympathique petit virus qui apparaît, super violent et se propageant par voie aérienne. Wé ! Comme cela personne n'y échappe !
RépondreSupprimerJe crains qu'avec de telles lectures les pharmacies soient en rupture de stock d'antidépresseurs…
je suis comme toi : je parcours ma bibliothèque. Je trouve des livres déjà lus dont j'ai tout oublié. D'autres ou un marque page me rappelle que je me suis arrêté page 60. Et puis quelques bouquins reçus en cadeau que je n'ai jamais lus. Ainsi je suis tombé sur l'œuvre posthume de Camus « le premier homme ». C'est terrible, je n'ai aucun souvenir de qui me l'a offert. Comme souvent sur les cadeaux il y a une pastille pour cacher le prix. J'ai réussi à l'enlever : le prix est en francs français, donc le bouquin a été acheté avant l'euro il y a pas loin de 20 ans ou mêmes avant… ouf ! Je peux comprendre avoir oublié…
le coronavirus me faire lire un bouquin de Camus. J'aurais pu tomber sur pire !
Eh bien moi, de Camus, c'est la correspondance avec Maria Casares (un pavé) que j'ai sous la main. Une histoire d'amour au long cours qui contient des tas d'histoires (fichtre, ce qu'ils écrivaient bien, ces deux-là, et comme ils étaient souvent séparés, les lettres ne manquent pas). Mais ce n'est pas ma priorité : ma priorité, ce sont les découvertes. De grands espaces, mais aussi de livres oubliés, ou aimés il y a longtemps, que je débusque avec un bonheur non dissimulé. Ces explorations dans mes diverses bibliothèques sont de vraies expéditions. Belle journée!
SupprimerBonjour,
RépondreSupprimertout à fait d'accord, Busnel conseille La Peste, La Quarantaine, Le Hussard sur le toit, exactement ce que les gens ne veulent pas lire. Et ne doivent pas lire.
Je résiste pas à donner ma recette, qui vaut surtout pour qui ne le connaitrait pas : l'inégalable Arto Paasilinna bien entendu !
Ses bouquins débordent de l'antidote à la tristesse, si précieux aujourd'hui.
Il y aurait aussi son imitateur :Jonas Jonasson, et à un moindre degré Jorn Riel.
Étonnamment, ces écrivains là vivent non loin du cercle polaire - c'est peut-être pas une coïncidence...
Reste à citer Sepúlveda : "Il possédait l'antidote contre le redoutable venin de la vieillesse : il savait lire. ("Le vieux qui lisait des romans d'amour").
Arto Paasilinna ? J'ai "Adaam et Eve" qui m'attend sur ma pile (une belle couverture, avec des pommes rouges). Les autres auteurs que tu cites, je ne les connais pas. Mais ta citation de Sepulveda me convient parfaitement : je prends ! Belle journée à toi.
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