Jour de pluie, jeu des perles d'ennui. Suis partie avec mon appareil faire un safari dans la maison, capter des images, un peu partout. C'est un exercice qui amène de drôles de résultats : on retrouve des objets qu'on avait cru perdus, on découvre des livres qu'on avait crus offerts, on considère les lieux comme on ne les avait jamais vus. Les pièces se révèlent sous d'autres ombres et d'autres lumières. On se trouve confrontée à des facettes de soi dont on ne se souvenait pas.
Ce dessin, à force de passer devant, tant de fois, je ne le voyais plus, ou plutôt je le balayais du regard sans plus le voir. Je dois l'avoir ébauché il y a au moins trente ans. Il vient me rappeler ce temps où j'aimais rester de longues heures seule, à écouter de la musique et à crayonner. Il vient me dire aussi combien j'aimais accéder à mon univers et y rester longuement ancrée. Dans ces moments-là, je m'assumais entièrement autiste et m'en trouvais comblée. Aucune sonnerie, aucun appel ne pouvaient me rattraper. Comme ces enfants, tirant la langue, penchant la tête, absorbés à colorier.
Les jours de pluie, le jeu du safari : se rencontrer dans une autre vie.
Barbara Cassin est l'invitée de Sous le soleil de Platon sur France Inter pour son livre se trouvant sur le côté du blog et dont vous avez parlé.
RépondreSupprimerBonne écoute.
Pour faire écho au commentaire de Chantal, souvent très intéressante l'émission de Charles Pépin sur France Inter.
RépondreSupprimerPS: merci pour le lien vers Javier CERCAS.
Merci à toutes deux : je l ecouterai des que possible. Cet été j apprécie tout particulièrement Ch P. ses invités sa manière simple et profonde de nous cultiver. Belle soirée!!!
RépondreSupprimerVoilà un concept intéressant : le safari-photo dans la maison. À la fois un « garder trace » est aussi une aventure de (re)découverte. J'étais content il y a quelques temps de retrouver des photos d'anciens lieux où j'ai résidé : un resurgissement de souvenirs, surtout pour des lieux qui n'existent plus haut ont été transformés, comme la maison de mon enfance devenue siège social d'une entreprise.
RépondreSupprimerJe découvre « ton coup de crayon » et j'imagine le bonheur de ces heures que tu évoques.
Le safari-photo est une manière de poser un regard différent sur notre quotidien (toutes ces choses que nous croyons banales parce qu'elles s'offrent à notre regard tous les jours... métaphore de notre vision de la vie, des gens qui nous sont proches...)
SupprimerCe que tu dis des lieux est tellement important : ils portent l'empreinte des gens qui les ont occupés, notre empreinte quand il s'agit de notre passé, ou l'empreinte des gens qui nous étaient chers quand il s'agit de maisons de famille. Les photos nous les restituent, en partie.
Oui, tu as raison, dessiner, être dans son monde, oublier tout le reste, c'est le bonheur (un des bonheurs possibles). Belle soirée à toi!