vendredi 28 septembre 2018

Lire : une séparation, une réparation




5/ Abandonner l'idée qu'un dieu malveillant augmente le quota des heures pendant le week-end et m'oblige à élaborer des programmes de folie pour atteindre le cap d'un lundi ordinaire.
71/ Penser à toutes celles qui se battent et qui se retrouvent seules, au milieu des cartons, sans meubles, à se demander pourquoi elles revivent une situation d'étudiante : les mêmes maigres moyens, mais l'espoir du commencement en moins. Pleurer un bon coup et envoyer des messages pour que des paroles amies viennent meubler leur 6ème étage, chambre de bonne, aujourd'hui où plus aucune bonne n'habite le 6ème, sauf dans les films ringards. 
80/ Partir. Prendre la route comme au temps du duo. Charger la voiture sans m'énerver, couper le gaz et la chaudière. Laisser les tortues déambuler. M'apercevoir au dernier moment que toutes les cartes routières ont disparu. Nouvelle stratégie pour me faire perdre le nord ou me perdre tout simplement ? Même le GPS ne veut plus se brancher. Acheter in fine une carte de France. Hésiter longuement entre la version IGN ou Michelin et choisir l'IGN : en duo, nous ne jurions que par Michelin. Changer de direction! Avec toutes nos cartes, le nouveau duo, formé sans moi, doit réviser la géographie.
J'avais apprécié Celles qui regardent. Vita Nova solo vient de paraître et se dévore aisément sous le doux soleil d'automne. Marcelline Roux écrit comme on dessine : par traits et par esquisses. Elle raconte de manière peu banale une histoire terriblement banale : comment elle s'est fait débarquer au bout de 25 ans par son disjoint (parti refaire sa vie avec une jeunette) et comment elle traverse le chemin de sa désolation et de sa reconstruction. Un journal condensé en 567 petits textes qui déclinent son parcours sur trois années. 
Ça pourrait être un long et pénible lamento, mais l'auteur est sincère, ne manque pas d'humour et de lucidité pour raconter ce deuil et sa traversée. Sans compter la poésie :
472/ La pluie est autant de larmes économisées. 
Les éditions Rhubarbe, basées à Auxerre, méritent d'être soutenues : un petit éditeur passionné, des auteurs peu connus. Juste un bémol : pourquoi affubler ce petit livre d'une préface qui a tout d'une explication de texte ? Ceux qui lisent auraient donc besoin qu'on les prennent par la main et l'écrivaine nécessiterait une exégèse?

2 commentaires:

  1. Mince! Je venais de faire un joli commentaire à mon sens et voilà que j'appuie sur la mauvaise touche! Je disais donc que le terme "disjoint" est bien trouvé pour définir celui ou celle qui pendant des années a été le conjoint. Et soudain, tous les gestes du quotidien nous le/la rappellent: sa tasse préférée, ses petites manies qui nous énervaient tellement mais qui nous manquent à présent, ce qu'il/elle faisait et qu'on doit faire maintenant en pensant qu'on ne sait pas le faire et qu'il/elle le faisait si bien... Et tout devient pénible, lourd à porter. Ce temps de la séparation dure et mais la reconstruction finit par arriver. Tout cela me rappelle de lourds souvenirs. Et je me demande comment j'ai fait. Mais je l'ai fait... alors que je pensais ne jamais y arriver.
    Et aujourd'hui, je regarde cette période un peu en souriant mais avec une grande mélancolie aussi.

    Je ne connais pas ces éditions, je vais m'y pencher. Merci pour la suggestion de lecture. Je t'en donne une autre. (j'ai entendu ce matin la critique de ce livre et cela m'a donné envie de le lire). " La seule histoire" de Julian Barnes.

    Bises alpines et belle journée.

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour la suggestion : j'ai lu le résumé et en effet l'histoire paraît intéressante. J'espère juste que le héros de Barnes n'a rien d'un certain Emmanuel!
    Quant aux séparations douloureuses, à vrai dire, je n'y connais pas grand chose... Il n'y a eu je crois qu'une seule lettre de l'alphabet dans ma vie et c'est le R. Les autres, ce furent tous des imparfaits que j'ai conjugué très vite au passé décomposé. Cela ne m'empêche pas d'être fascinée par les reconstructions et les remontées à la surface. comment on sort de l'hiver, comment le printemps revient.
    Belle fin de journée (cet automne enchanteur me semble le plus beau de toute ma vie. Serait-ce possible?)

    RépondreSupprimer