lundi 10 septembre 2018

Habiter : l'amour fou


La leçon de musique (détail) / J. Vermeer / Coll. reine Elisabeth II


En quittant ma maison – et plus longue mon absence, plus aigu le phénomène – je ressens son manque anticipé et intense.
En quittant ma maison, je tourne comme une tornade, je vais je viens j’erre de manière insensée
et ce ne sont pas les meubles ni les murs que j’ai besoin d’étreindre.
J’ai besoin de saluer encore et encore la lumière de l’aube paressant sur les carrelages,
 et les bruissements des feuillages, et les plumes des pies effrontées qui ajoutent leur caquetage 
à tous les murmures de la forêt. Un châle défait qui doit être replié. 
La moitié d'un citron que je ne pourrai pas terminer. Un roman abandonné par terre. 
J’ai besoin de les reconnaître tous – les embrasser du regard.
Quitter le lézard qui lézarde sur sa terrasse m’arrache le cœur (sera-t-il bien là à mon retour ?)
Quitter le grillon égaré là, sur le bord du cadre (qui, à part moi, saura le sauver ?)
En quittant ma maison, je délire. Je délire sans mesure. 
Si partir, c’est mourir un peu, à chaque fois j’agonise et j'aspire au retour.

2 commentaires:

  1. Coucou. Je ne peux pas dire que je ressente la même chose en quittant mon appartement pour les vacances. Juste une petite angoisse concernant les plantes vertes car je sais qu'elles souffrent souvent de mon absence et le dosage de l'eau d'arrosage n'est pas toujours adéquat.
    Bon, j'admets qu'en partant en janvier dernier, je me suis demandée si les petits oiseaux que je nourrissais depuis le début de l'hiver auraient suffisamment de petites graines pour tenir jusqu'à mon retour et s'ils n'allaient pas m'en vouloir de mon absence. Ouf, mes quatre accenteurs alpins et les mésanges ne m'ont pas fait la tête et sont revenus.
    Attention quand même ma chère Dad, à ne pas trop agoniser à chaque départ... ce n'est pas très bon pour la santé. ;-)
    Bises alpines et belle semaine.
    P.S. je n'oublie pas ton mail, je vais y répondre bientôt. ;-)

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  2. Chère Dede, je te rassure :j agonise et je resuscite assez vite, happée par les nouveautés du voyage. Belle semaine à toi. Là je t'écris d'un lieu très ensoleillé où je,m'exerce a la sagesse. Il y a encore pas mal à faire...(heureusement)

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