samedi 11 décembre 2021

Vivre : dermato logiques

 
Portrait d'homme / Fayoum / Kunsthistorisches Museum / Wien
 
Ce mec-là : franc, direct, avec un bel accent. Bourru, oui, certainement. Et taiseux, pas un mot de trop. Et pas franchement chaleureux, évidemment. Mais providentiel, assurément.
Alors que nombre de ses collègues, probablement attiré/es par la chirurgie dite esthétique, nez en trompette, et facturations adéquates, répondent que non, non désolé/es, ils ou elles sont surchargé/es, pas le temps pour ce genre de dysfonctionnement (entendez : ce cancer, mélanome ou carcinome, un de ces phénomènes fortement désappointants)
Alors que, dans certaines salles d'attentes, on se croirait dans des salons, avec promotion de produits au coût plutôt élevé, et, diffusées sur écrans plats, des propositions d'interventions ultra nécessaires (quoi ? vous ne saviez pas qu'avec ces rides d'expression-là le succès ne serait pas au rendez-vous ? que votre bonheur dépendait de votre lissage frontal ? qu'il y avait entre vous et la séduction un méchant sillon horizontal ?)
Alors qu'on a connu de ces docteurs et doctoresses spécialisé/es en dermatologie collaborant avec des palaces lémaniques (un séjour de quelques nuits, tout compris, et vous pouviez rentrer parfaitement transformé/e dans votre pays)
lui, sobrement, affirme : "On ne fait pas le même métier". Tout est dit.
Même cursus, même formation, même spécialisation. Mais certainement pas les mêmes revenus ni la même conception d'un fameux serment attribué à Hippocrate, pourtant prêté dans un même élan. C'est pourquoi à l'approche des Fêtes sa salle d'attente est pleine à craquer et il est inondé de chocolat, ce mec-là.

5 commentaires:

  1. Hum! Serment d'Hippocrate, sens de l'éthique, soin du patient, the ”care” comme disent les Anglais, terme qui en dit plus long qu’un simple mot. De ces médecins qui ont avant tout le souci du patient et non du tiroir caisse.
    A l’heure où les hôpitaux sont payés à l’acte, où nombre de médecins engrangent les consultations, ”ces mecs là ”, le sens de l’humain chevillé au corps, sont si précieux.
    Belle journée.

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    1. Oh oui. Rugueux - un peu - à l'extérieur, mais droits question morale. Des perles quand on parvient à les trouver. Parfois il faut chercher pendant quelques années. Pour les autres, souci du tiroir caisse, oui, mais aussi : cette forme de consumérisme lié à la médecine privée, qui s'attache au paraître, prôné par la publicité et certains médias. Faire "jeune", consommer de la médecine pour se relifter, se créer une image (le complément des retouches virtuelles sur Insta ou autres). Que certains éprouvent ce besoin (et aient les moyens de s'y adonner) passe. Dans le fond, on ne sait jamais ce qui se cache derrière un tel besoin de s'accrocher à son image, quel désespoir existentiel ou autre. Mais qu'on peine à obtenir des rendez-vous médicaux parfois parce que les "soins esthétiques" ont la priorité, ça semble aberrant. (je précise que les exemples fournis sont tirés d'expérience vécues).
      Cela dit, un qui n'a pas besoin de paraître pour être beau ce soir, c'est le ciel qui se met sur son 31 en rose quasi fluo. Belle soirée.

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  2. La frontière entre chirurgie plastique réparatrice et chirurgie esthétique est fluctuante. Le sujet est complexe. Entre la reconstitution d'un sein après mastectomie à raison d'un cancer, l'ablation d'un carcinome qui laisse un trou profond sur le nez, etc. (des exemples que je connais dans mon entourage) , et la liposuccion, la création de gros seins ou les implants dans les fesses etc. il y a manifestement des différences de taille.
    Où exactement situer la frontière ? D'autant que tout le monde n'a pas la force de caractère d'un Cyrano de Bergerac face à un nez disgracieux, au point d'en faire une névrose persistante.

    Cela dit je partage pleinement le message de fond de ton billet. Il y a des choses totalement lamentables en ce domaine. Il n'y a qu'à voir la tête actuelle de Sylvie Vartan ! On comprend tout de suite les dégâts irréparables accumulés pendant des années d'une chirurgie dite « esthétique » ! (Et ne parlons pas de feu Michael Jackson !). À l'opposé, on trouve des équipes chirurgicales comme celle à laquelle j'ai rendu hommage sur mon blog photo et que l'on peut VOIR ICI

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    1. Les exemples que tu donnes montrent des différences de taille : les premiers relèvent de la réparation du corps blessé, d'un traitement ou de l'achèvement d'un traitement de longue durée. On est ici dans le domaine du soin. Les seconds tiennent de la modification intentionnelle de son corps en santé, en fonction de normes extérieures ou de besoins personnels (cela dit on lui inflige des sacrifices non négligeables, des interventions pouvant comporter des dangers). On entre là dans un territoire plus complexe : celui de la soumission à des codes ou à des modes, des mal-êtres personnels, des blocages, des refus (le vieillissement, par exemple).
      Ce billet m'a été inspiré par des difficultés à obtenir des rendez-vous dans le domaine du soin, parce que des médecins exerçant en privé priorisent une clientèle provenant de la seconde catégorie (plus nantie, probablement, mais aussi plus valorisante (pour certains voir une femme de 40 ans heureuse d'en paraître soudainement 10 de moins peut être plus stimulant que de traiter un cancer chez un vieillard, c'est plus "joli", plus "léger", plus facile à vivre comme métier sur la durée).
      Le médecin concerné dit : "on ne fait pas le même métier". ET c'est vrai. Les uns aident et soignent un corps meurtri, les autres fournissent des prestations destinées à l'apparence de gens qui ont les moyens de se les payer.
      (Mais, il est vrai que pour certains/nes changer de physique peut permettre d'éviter une dépression, dès lors... le sujet est effectivement difficile à cerner...) (encore que, pour d'autres, la dépression pourrait s'installer après avoir constaté les résultats d'une intervention dite "esthétique"...Voir recherche Google "interventions esthétiques ratées" (déconseillé avant les repas...)
      Cela dit, belle et douce soirée à toi.

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    2. Il me semble que nous sommes d'accord sur le fond des choses. À propos des interventions esthétiques ratées, m'est revenu en mémoire un reportage télé que j'avais vu sur le sujet il y a pas mal de temps. C'était horrible. Et peut-être le pire était l'attitude des soi-disant chirurgiens avides de profits.

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