Sur la terrasse ensoleillée, juste derrière moi, une voix de femme m'a tirée de ma rêverie :
"Si tu le dis, je te tue. Je te jure que je te tue. Il en va de ma réputation. Si tu en parles au comité, je te promets, je te tue."
J'ai gardé les yeux fermés face à l'intensité de la lumière, mais les propos avaient piqué ma curiosité. Impossible de me tourner sans me faire remarquer. Intriguée, j'aurais donné n'importe quoi pour savoir de quel comité il pouvait s'agir. Et, naturellement de quel inavouable secret.
"Je divorce. Et puis après, je te tue. Pas un mot au comité. Tu jures ? Tu jures, hein, pas un mot ?"
Fichtre. ça avait l'air sérieux.
Quand mon café est arrivé, j'aurais volontiers échangé mon petit chocolat Cailler glissé dans la soucoupe contre le fin mot de l'histoire.
Hélas, il y a eu un bruit de chaises déplacées. En se dirigeant vers la sortie, ils ont frôlé ma table et la femme lançait encore ses mises en garde : "Tu le jures ? Tu le jures ou je te tue!". De dos, tandis qu'il s'éloignaient, ils ressemblaient pourtant à un banal couple sans histoires. Elle avait les cheveux grisonnants, une ménagère transparente dans la file d'un supermarché (mais qui eut été prête à tuer son époux lui aussi grisonnant, peut-être un peu bedonnant, s'il avait révélé son secret palpitant!)
Bon, alors, tu veux vraiment savoir ?
RépondreSupprimerIl s'agissait d'un couple d'acteurs en pleine lecture privé du scénario du téléfilm en préparation : « le crime passionnel du 21 ». . Parce que le metteur en scène n'était pas content de la manière et du ton dont elle balançait sa réplique : je te jure que je te tue. D'où la répétition encore et encore. Bon prince, l'acteur homme avait accepté de retravailler la scène au bistro en attendant la reprise générale. Mais que c'était laborieux !
;-)
Ah ah ah! si le dialogue pouvait avoir des accents chabroliens, les personnages, eux, semblaient tout droit sortis d'un théâtre de boulevard.
SupprimerA tout hasard, j'ai vérifié dans la feuille de choux locale : aucun cadavre à déplorer dans la région. Il a su tenir sa langue. Ou : elle n'a pas mis ses menaces à exécution.
C'était marrant, quand même, cette véhémence à défendre sa "réputation". Je capte souvent des bribes de conversations, des trucs souvent rigolos ou détonants, mais jamais rien d'aussi péremptoire!
Belle soirée à toi.
Pour être un peu plus sérieux que mon premier commentaire : tu as raison sur cette importance que semble avoir « sa réputation ». Le moindre risque qu'elle puisse être égratignée lui met le trouillomètre à au moins — 25°. Même en hiver ça fait beaucoup ! ;-)
SupprimerBelle soirée à toi aussi.