mercredi 22 décembre 2021

Vivre : en attendant l'omnibus de 16h59

 

L'hiver, l'été, aimer cette heure que l'on dit bleue. L'heure des plages qui se désertent. L'heure du chien qu'enfièvre le passage de renards. L'heure des silhouettes qui se pressent vers des portes prêtes à s'ouvrir quelque part. L'heure des désertions, l'heure des solitaires. L'heure des ballons abandonnés près des toboggans glacés. Sur le lac taiseux, un dernier oiseau prend son envol. Dans le noir, suivant sa voie, un train s'éloigne. Sur un quai, plus au nord, des gens scrutent, impatients de l'apercevoir.
C'est l'heure de la nostalgie. L'heure où l'on pense au temps qui s'enfuit. L'heure où l'on saisit l'importance déchirante d'être en vie. Aimer cette heure bleue, teintée de rose et de gris, empreinte de calme et de repli. S'élancer vers une ombre qui s'approche, des bras qui s'agitent.

2 commentaires:

  1. C'est le moment de respirer l'essence de Guerlain du même nom.
    L'heure aussi où Christophe lui disait les mots bleus, les mots qu'on dit avec les yeux.
    Toi tu évoques tout cela avec une poétique nostalgique qui touche au cœur, contrebalancée par la beauté de cette photo qui repoussera la nuit, à moins qu'il ne faille la retenir comme chantait Johnny Hallyday ! Parce qu'avec l'autre elle est si belle !
    En attendant, je me calfeutre au chaud pour me protéger d'un froid glacial !

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    1. Une voiture au garage, ça change les perspectives. Ce soir-là R. rentrait en train et je n'avais jamais vu la gare, les bords du lac, le village à l'heure bleue en hiver. D'habitude, ce moment entre chien et loup, me rappelle dans ma tanière. Il est vrai qu'en décembre, durant l'heure bleue, on n'a qu'une envie : rester au chaud chez soi!
      J'adore ton commentaire. L'heure bleue est vraiment le plus joli des noms de parfum.

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