On m'a demandé : que t'est-il arrivé de bien en 2021 ? J'avoue que j'ai hésité un instant. 2021, encore davantage que 2020, m'a paru une année porteuse de nouvelles plombantes et de contrariétés à la pelle. Tant de choses n'ont pas marché comme je l'aurais espéré...
J'ai régulièrement ressenti cette affreuse sensation de perdre infiniment plus que je ne pouvais récupérer (et j'ai réalisé que durant toute ma vie je n'avais fait que conquérir et élargir mes possibles). Dur à vivre, difficile à accepter. Parfois, je donnais des coups dans les portes qui se fermaient. Parfois, je glissais un pied dans l'entrebâillement. Parfois aussi, je les laissais claquer.
Bien sûr, il y a eu la santé. Et le bonheur de partager ma vie avec des êtres beaux et solaires. Et de vivre dans un lieu de sérénité, de véritable sérénité, de sourires, de présences éclatantes. Et d'évoluer dans un pays de liberté, de démocratie (ou du moins de quelque chose pouvant s'en rapprocher), où les gens trouvent à se nourrir, à se loger, où un homme couché dans la rue, à même le sol, ne laisse personne indifférent et appelle un élan de solidarité. Oui : tout cela mérite d'être relevé... Rien de cela ne doit être négligé. Mais... régulièrement les choses perdues généraient dans mon cœur de petites brisures difficiles à rafistoler. Comme ces divergences au cœur du monde ne cessant de diverger jusqu'à menacer de craquer.
Alors, quelque chose de bien en 2021 ? Tout bien pesé, deux choses : premièrement, les chambres. J'ai dormi durant cette année dans plusieurs chambres anciennes, noblement décorées, des cocons superbes qui pouvaient abriter des rêves apaisés (une grande chambre rouge au Sud avec laquelle j'ai entamé de profonds dialogues avant de plonger dans les bras de Morphée). Deuxième cadeau de l'année : les marchés, une multitude de marchés. Je m'y suis sentie d'autant plus heureuse qu'ils étaient restés trop longtemps fermés. J'ai adoré y retourner : déambuler longuement, observer la belle énergie qui s'en dégageait, humer, écouter toutes les présences qui circulaient (même si l'autre soir, à nuit tombée, j'ai fui le Marché de la Kleine Tchanze, qui battait son plein, rempli d'épices, de chocolats, de vin chaud, de rires, de proximité - hum hum - je l'ai fui pour y retourner sagement durant la journée, quand il est nettement moins arpenté, mais que le traiteur grec s'active toujours à préparer ses irrésistibles pitas).
Kleine Tchanze / récemment
En plongeant dans les souvenirs de cette année, de bien belles images ont émergé. Il fallait juste les tirer du brouillard morne, fine couche de poussière grisâtre qui les recouvrait. Moralité : une année consternante peut apporter quantité de choses bien. A condition de bien vouloir les repérer.
Combien votre message m'a touchée! Nul doute que je m’y suis plus ou moins identifiée comme bien d’autres sans doute.
RépondreSupprimerMerci pour cela! Merci pour cet élan de vie!
"La vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie!
C'est si juste, ce que vous dites : il s'agit de simple vie. Avec ses hauts et ses bas. On endure, mais on savoure aussi. Puisqu'on est "en vie".
SupprimerMoi ce qui m'a frappée c'est de voir à quel point cette simple question tenait du "dépôt de bilan" pour l'année écoulée. Un dépôt de bilan, mais sans faillir et sans faillites.
Se lever tous les jours et faire en sorte que la journée soit belle.
Merci pour ce joli retour et, naturellement, très belle soirée à vous!
Je regarde 28 minutes: bande annonce du film "la panthère des neiges".Magique. Un des plaisirs de la vie tout comme l’interview de Régis Debray par A Trapenard.
RépondreSupprimerLa Panthère des Neiges : des images somptueuses (les animaux si beaux, si attendrissants, si drôles). J'ai entendu avec plaisir Vincent Munier à Boomerang l'autre jour. R.D. je vais aussi l'écouter bien volontiers. Belle soirée.
Supprimer2021, nous étions nombreux à penser que la pandémie serait vaincue après les fêtes de fin d’année, avant les vacances d’été et pourtant c’est le retour, la lassitude, les nouvelles variantes. A quand les bonnes nouvelles ? Oui, du social, j’en ai aussi perdu une belle pelle et le covid a apporté une couche de stress de plus au bureau. Déjà les réorganisations, les non-remplacements et maintenant les licenciements et le télétravail. C’est vraiment les lendemains qui chantent… mais ils chantent quoi en fait ? Il me semble que je vis une grande fracture entre ma vie privée et ma vie professionnelle et plus largement sociale. Du côté privé, j’ai réussi à dépasser certains blocages et j’en suis très heureux, cela me permet de pouvoir atteindre de nouveaux rivages, de nouvelles terres à explorer. Du côté professionnel, les conflits se durcissent et les fronts aussi. C’est plus le dialogue, mais uniquement le rapport de force qui compte, il n’y a plus de place pour la négociation, mais uniquement pour les décisions imposées. Au niveau social, je ressens aussi que c’est de plus en plus compliqué et je me sens impuissant. Bref vivement le printemps (là au moins on est sûr que les jours se rallongent) et allumons des bougies entre temps.
RépondreSupprimerGaspard
Bonsoir. De tout ce que vous dites, je retiendrais particulièrement une chose : la dichotomie entre le privé et le social/professionnel. C'est-à-dire que je distinguerais ce qui dépend de nous (ce sur quoi on a prise) du reste, de l'extérieur, du sociétal (beaucoup plus difficile à comprendre, à accepter, à influencer et qu'on est forcé de subir). Oui, les situations se font tendues, les conflits se durcissent. Cela nous inviterait à un repli sur ce qu'on peut influencer, sur ce qui est apte à nous protéger.
SupprimerPourtant, il serait bon de continuer à se battre pour ce qu'on croit juste, même si nos forces sont limitées...
A présent, le soir est tombé. Et j'ai allumé toutes les bougies! Belle soirée!