samedi 3 juillet 2021

Vivre : des chiffres et des mecs

 
Portrait d'Auguste jeune / fouilles d'Orto vescovile / Musée étrusque / Chiusi
 
L'homme est descendu de sa Porsche flamboyante, s'est empressé d'entrer, a immédiatement demandé "un café". Il a avalé d'un trait le contenu de sa tasse et s'est barré vite fait en faisant vrombir son moteur. Trente secondes et deux mots. Un euro.

Le mec avançait sous les arcades, accompagné de son vieux clébard. Il marchait au rythme de son chien, pas question pour lui de se presser, pas question, il souriait aux passants, qu'il regardait, vraiment, échangeait quelques propos de temps en temps. Il était plutôt mal sapé. Ses souliers donnaient l'impression d'avoir pas mal bourlingué. Ses traits étaient creusés, trois longs sillons sur son front. Son âge ? Dans les quarante ans. A déposé avec légèreté un billet de dix francs dans l'écuelle d'un mendiant. Avec dix francs, on peut s'acheter un kebab avec frites et coca. Ou alors autre chose, mais l'homme, ça ne le regardait pas. Il donnait ce qu'il avait et apparemment ce jour-là il avait un peu d'argent. Et du temps. Et il en faisait profiter ceux qui croisaient son chemin, démunis, curieux, esseulés ou chiens.
 
 

2 commentaires:

  1. Évidemment, en porche, on ne voit guère autre chose que le compteur de vitesse, le compte-tours et l'asphalte autoroutier ! Et il est rare que le chien arrive à suivre la voiture en courant. (On ne va quand même pas le mettre dans la caisse avec ses sièges en cuir pleine fleur !)
    Le pas lent du mec lui permet la lucidité sur l'essentiel de l'instant en tant qu'intérêt pour un autre humain qui n'est pas là d'avoir une porche !
    Cela dit je connais un retraité qui roule en porche et qui est d'une générosité hors du commun pour soutenir et développer des projets caritatifs d'ampleur. C'est pas non plus totalement idiot…

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    1. Pas question de généraliser : on connaît tous des goujats qui roulent en Clio et des gens remarquables qui conduisent des voitures chères. Ici, ce qui m'a frappée, c'est le type tellement dans son trip de vitesse, qu'il n'a pas songé une minutes à dire bonjour ou merci à la fille qui servait des cafés à longueur de journée sur l'autoroute. Servir des cafés à des gens qui ne te voient pas, n'en ont rien à foutre de toi, à la longue, ça doit être frustrant...
      L'autre type était vraiment un seigneur : je trouve ça d'une élégance rare de filer 10 francs (presque 10 euros) à un mendiant quand toi-même tu n'as pas l'air d'avoir bcp d'argent. La classe!
      Douce soirée.

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