dimanche 28 novembre 2021

Vivre : blancheurs

 

Elle s'était annoncée déjà depuis quelques temps. Silence humide, lenteurs et tremblements. Elle nous avait fait frisonner, filé des envies de retrait, de plaids et de tasses de thé. Elle s'était faite de plus en plus insistante, nous priant de bien observer : ces envols furtifs, ces brins figés, ces désertions soudaines dans les prés, n'étaient-ils pas ses habituels messagers ? Ce matin, branle-bas le combat : les nuages couraient, fuyant les rives, le Jura pâlissait, craignant le pire. Le soleil ne faisait pas son malin, se planquant constamment derrière des amoncellements de plus en plus menaçants. Nimbostratus ou stratocumulus, secoués de toutes parts, on eut été bien en peine de les identifier. On se hâtait de rajouter des couches avant de sortir les affronter.
En ville, les gens semblaient évoluer en mode ralenti. La lumière, les vitrines, l'atmosphère, tout paraissait avoir viré au gris. Et puis, un enfant s'est mis à gigoter, a ouvert grand la bouche, tout prêt à l'avaler : le premier flocon de neige qui venait de tomber.

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