Il parle. Le visage penché, les bras croisés, elle s'applique à l'écouter. Elle paraît pensive. Le moindre son la fait sursauter. Son regard se laisse régulièrement happer par d'autres tables, d'autres silhouettes qui viennent les frôler. Son regard considère rêveusement des gens en train de s'éloigner. Son regard est déjà en train de le quitter.
Leur conversation est un fil sur lequel ils courent, tels des funambules agiles. Ils se lancent la balle, la rattrapent, ne peuvent admettre de la voir tomber. Ils grimacent, ils singent, ils miment, ils ont tant de choses à exprimer. En se levant, elle se pavane, en oublie son bonnet et ça le fait rigoler. D'une pirouette, il le lui tend, comme une fleur, avant de l'enlacer.
Autrement dit, il semblerait qu'elle ne soit pas là.
RépondreSupprimer— Où es-tu ?
Peut-être que lui, certes il parle, mais à qui s'adresse-t-il ?
Les phrases alignés sont parfois là pour masquer le « Rien ».
Mais là on ne sait pas vraiment…
j'aime bien tes petits « films écrits » saisis au vol…
A l'Einstein café (Berne) on fait des limonades au gingembre à tomber. La file est toujours longue et R. s'y collait. J'avais donc tout le temps pour observer. Ces deux tables, avec deux couples si différents n'a pu que m'inspirer. Les premiers si peu "ensemble", les seconds si "collés". Je connais qqn qui en aurait fait des esquisses sur carnet, moi je préfère les tracés avec des phrases... Tu as raison : de petits films saisis au vol.
SupprimerBelle soirée à toi!
Cela m’évoque (je ne sais pourquoi) Claude Sautet et la lumineuse Romy Schneider. Une scène de César et Rosalie notamment, le partenaire Yves Montant.Ou bien encore "les choses de la vie" avec le magnifique Piccoli.....
RépondreSupprimerDes scènes de la vie ordinaire.....
Sautet... tout un univers.... et le rôle des bistrots, des cafés dans tous ses films. Des lieux de vie sociale où tant de choses se passent. En comptant bien, il y a un nombre impressionnant de ses scènes qui se passent dans des cafés (par exemple aussi : Un cœur en hiver, sans compter Garçon!). Ce sont des lieux où la vie palpite, il s'y passe toujours quelque chose. Bien vu, Ghislaine!Toute belle soirée!
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