Noir, c'est noir ? Les Outrenoirs de Pierre Soulages / exposé à l'espace Artlab / EPFL / Lausanne-Dorigny / 2017
Je crois que c'est aussi inépuisable que la lumière l'est. Puisque c'est une réflexion de la lumière. Ce qui d'ailleurs entraîne des conséquences importantes. Si j'appelle ça "Outrenoir", ce n'est pas pour le plaisir d'écrire un mot nouveau. C'est pour désigner autre chose que le phénomène optique que désignerait "noir lumière", qui tend à faire voir ces toiles-là comme simplement un phénomène optique.
"Outrenoir", j'ai voulu désigner par ce mot un champ mental autre que celui touché par le simple noir.
Pierre Soulages / au micro de Pierre Assouline / 2000 / France Culture
Le musée du Louvre consacre depuis mercredi une exposition à Pierre Soulages. L'artiste, bientôt centenaire et suprêmement coté, a de quoi attirer : des collectionneurs, des présidents, des éditeurs, des hagiographes. Nul doute que l'événement sera un franc succès.
Indépendamment des modes et des battages médiatiques, face à toutes ces grandes expositions, rétrospectives, mises en valeur, je m'interroge toujours : vaut-il la peine de s'y rendre ? vaut-il la peine de se presser pour tout voir ? J'ai de plus en plus de peine avec la foule dans les musées. Le temps chronométré, les bousculades, les œuvres présentées en enfilade me semblent difficilement compatibles avec le fait de regarder, vraiment, de se laisser absorber, vraiment, par le cheminement de l'artiste présenté.
Indépendamment des modes et des battages médiatiques, face à toutes ces grandes expositions, rétrospectives, mises en valeur, je m'interroge toujours : vaut-il la peine de s'y rendre ? vaut-il la peine de se presser pour tout voir ? J'ai de plus en plus de peine avec la foule dans les musées. Le temps chronométré, les bousculades, les œuvres présentées en enfilade me semblent difficilement compatibles avec le fait de regarder, vraiment, de se laisser absorber, vraiment, par le cheminement de l'artiste présenté.
Être soumis à des conditions qui peuvent se révéler stressantes, est-ce la bonne manière d'appréhender une œuvre ? Ce sont les questions qui se posent à chaque grande exposition. Après moult expériences, j'ai résolu de ne me déplacer que pour un artiste cher à mon cœur (en veillant à bien choisir le jour et le créneau horaire). Connaissant la démarche et son contexte, je me sens plus à même d'apprécier l'ensemble des tableaux en face à face. Me retrouvant libre avec mes émotions et perceptions, la visite devient alors une rencontre, une étape finale de la découverte.
En ce qui concerne le travail de Soulages, pour saisir les subtilités de l'Outrenoir, une seule toile (ou deux peut-être) en prenant tout son temps ne suffiraient-elles pas pour observer, expérimenter, ressentir ? Se placer devant, bouger lentement, observer les sensations, saisir les modifications d'instant en instant. Une
méditation sur les jeux de la lumière et ses passages sur la matière.
Une réflexion sur les points de vue et leur réalité éphémère. Ce que j'éprouve devant ces grands tableaux, c'est un intense apaisement, un appel à la présence, similaire à ce que je peux ressentir devant une toile de Rothko ou une fresque de Fra Angelico.
Cependant, je ne vois chez ce peintre rien qui ait révolutionné l'histoire de la peinture. Question de goût sans doute : il ne m'apparaît pas aussi innovateur qu'on veut bien le présenter. Le spectaculaire chez lui me semble tenir davantage à sa forte médiatisation, à sa reconnaissance sur le marché de l'art. Ainsi, alors que je donnerais cher pour aller admirer la danse de la lumière dans les toiles de Vermeer, je ne ferai pas le voyage pour cette rétrospective des œuvres de ... Pierre.
Cependant, je ne vois chez ce peintre rien qui ait révolutionné l'histoire de la peinture. Question de goût sans doute : il ne m'apparaît pas aussi innovateur qu'on veut bien le présenter. Le spectaculaire chez lui me semble tenir davantage à sa forte médiatisation, à sa reconnaissance sur le marché de l'art. Ainsi, alors que je donnerais cher pour aller admirer la danse de la lumière dans les toiles de Vermeer, je ne ferai pas le voyage pour cette rétrospective des œuvres de ... Pierre.
A lire : Pierre, / Christian Bobin / éd. Gallimard / 2019
A écouter : l'émission Par les temps qui courent du 07.11.2019 (où est passé l'extrait ci-dessus)
A écouter : l'émission Par les temps qui courent du 07.11.2019 (où est passé l'extrait ci-dessus)
Noir c’est noir chantait notre Johnny national.
RépondreSupprimerPeut-être chantait-il les trous noirs ceux dont aucune lumière même infime ne ressort.
Mais en-dehors de ces trous le noir représente bien autre chose.
En tenue de soirée, avec ma ceinture noire, suivant la panthère noire, alerté par le corbeau effrayé par le chat noir qui passait sous l’échelle, je descends la piste noire pentue et bosselée de ces tableaux.
Dans ces couleurs noires liées aux pouvoirs cachés, aux sciences occultes, comme à la révolte raciale ou au drapeau de la piraterie ; dans cette couleur liée au deuil, aux sentiments et situations sans issues, sans espoir des romans au film noirs, cachant tous ce que nous ne voulons pas voir pas savoir de la magie noire au marché noir, s’associant à la face caché, à la peur et au mal.
Un frêle rayons lumineux, par opposition caresse tout ce noir, nous ouvrant une porte de sortie et nous guidant vers le bien et sa lumière éclatante et joyeuse.
Bon assez parlé, je m’en vais écouter « Noir désir » où « les chaussettes noires »
:-)
Après cette noble tirade, pour conclure dignement et résumer aussi l’œuvre de Soulages : il ne faut jamais voir tout en noir. Ce serait passer à côté de l'essentiel. Car tout n'est jamais noir... ou blanc.
RépondreSupprimerEnfin, laissons rouler les pierres et terminons en chanson : https://www.youtube.com/watch?v=O4irXQhgMqg !
Très belle soirée à toi!
Mes commentaires sont toujours à l'image de ce que je ressens, et il est sûr que je ne ressens pas la même chose face à un tableau de Pierre Soulages que face à ces tableaux abstraits de 'ton' lac que tu nous offres.
SupprimerJe n'ai jamais su rentrer dans l'univers des 'Rolling Stones'
à l'époque, j'étais plutôt
https://www.youtube.com/watch?v=0N9Jh1NNdg8&list=RD0N9Jh1NNdg8☆t_radio=1&t=5
et
https://www.youtube.com/watch?v=zzi0IeiLw1E&list=PLfGibfZATlGq6zF72No5BZaScBiWWb6U1∈dex=1
:-) :-) :-)
Soulages laisse vraiment peu de gens indifférents. C'est souvent du rejet ou alors de l'encensement. Preuve peut-être qu'il touche à des réalités puissantes.
SupprimerJe sais par exemple que si je rejette le noir, certains jours, c'est que mon âme craint la tristesse, voire la mort. Si je peux le regarder en face, tranquillement, c'est qu'au fond de moi tout est bien.
(mes photos de lac sont très similaires : me poster face au silence et au non-mouvement nécessite que je me sente bien, avec mon propre silence et mon propre non-mouement)
Musique : Morceaux superbes de JJ Cale et N. Young: c'est tellement entraînant, ça me donne juste envie d'aller courir sur le haut-plateau et sauter dans les flaques pour m'amuser!
Au risque de passer pour une mémère à toutou : mon chien et moi, on adore danser tous les deux dès qu'une bonne musique se présente. Ça fait partie de notre bonheur d'être ensemble.
Allez! Passe une belle après-midi. Mes biscuits sont cuits!
Je n'ai jamais été très attirée par les peintures de Soulages, peut-être trop de noir justement, un noir qui ne me parle pas, qui ne m'émeut pas... ou alors trop, je ne sais pas...
RépondreSupprimerIl faut un temps où je portais souvent des vêtements noirs, pulls, vestes, etc. Ce temps est révolu, je ne porte plus de noir, ou rarement, et de toute façon je trouve qu'il me donne une mine affreuse, alors j'ai fait une croix dessus.
Belle journée lumineuse à vous deux ! :-)
Ton commentaire, chère Françoise, m'inspire plusieurs réflexions. Les voici, en vrac :
SupprimerLe noir... fait partie de la vie. Au même titre que la lumière ou les couleurs.
Peut-être que parler du noir, c'est aussi un peu parler de soi ? qu'est-ce que nous disons quand nous disons que nous n'aimons pas le noir ? A chacun sa réponse.
Tu me rappelles aussi que longtemps j'ai adoré porter du noir. Je trouvais que cela avait de la classe (et en plus ce n'était pas salissant!). Maintenant, je vais plutôt vers des couleurs. tiens, je remarque que le rouge grenat a pris une grande place dans ma garde-robe (bottines, pullovers, cardigan) et je suis toujours émue par cette couleur dans les tableaux que je regarde.
Quant à Soulages, je peux comme je l'ai écrit, être fascinée par sa peinture et sa démarche, qui est solide. Mais comme pour tout ce qui concerne l'art, surtout le contemporain, le snobisme et les effets des marchés me désolent. Je prends donc le meilleur et je laisse le suivisme à d'autres.
Voilà... ici, la journée qui s'était annoncée lumineuse, s'assombrit. ça tombe bien : j'ai encore quelques sablés salés à faire en écoutant des interviews de gens très estimables. Belle après-midi à toi.
Le rouge grenat un peu comme la couleur du pull que je porte sur ma photo de profil ? J'aime beaucoup moi aussi cette couleur, pulls, veste et bottines également (sourire).
SupprimerQuestion cuisine, je recherche une recette de bûche aux marrons et au chocolat, j'ai promis d'en faire une pour notre goûter de fin d'année après notre randonnée de ce jeudi, mais je crois bien que je l'ai trouvée ! :-)
Belle après-midi à toi également, Dad.
Ou le rouge grenat de la photo de ton profil qui est aussi sur ta bannière ? :-)
SupprimerLa photo sur ma bannière, c'était une expo Monumenta au Grand-Palais, en 2011. Un immense moment Il y avait dans l'espac créré par Anish Kapoor d'immenses formes rouges dans lesquelles on pouvait entrer et c'était... comme entrer dans un monde merveilleux, plein de gens heureux ou stupéfaits. Ah! je n'ai jamais regretté d'avoir fait le voyage! Très bon souvenir.
SupprimerBonne chance pour ta recette, chère Françoise, et belle réalisation !