dimanche 1 décembre 2019

Vivre : l'infortunée


Portrait de femme / Peintre inconnu / SMK / Copenhague

La femme - une quinqua qui malgré tous ses efforts paraissait être effectivement une quinqua - se plaignait dans son smartphone. Elle mettait son malheur en scène : les larmes, les crises, les rebuffades. Elle étalait ses douleurs à haute et intelligible voix, on n'entendait qu'elle au milieu du wagon. Chacun se protégeait de son mieux, qui à coup d'oreillettes, qui le nez dans sa tablette.
A l'entendre les raconter en long en large et en travers, on se demandait si elle n'en avait pas le plus grand besoin, de ses peines. Il y a des personnes ainsi, qui semblent n'exister que par l'affirmation continuelle de leur cruelle destinée. C'est dans leur force à la cartographier qu'elles trouvent leur chemin, leur raison de vivre, leur conscience d'être, effectivement, quelqu'un. 
A force de rabâcher, la femme avait largement de quoi se rassurer.

11 commentaires:

  1. Partager ses peines,
    pour les rendre plus légères
    et la vie plus supportable
    :-)

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    1. Certes… mais qui dit partage dit réciprocité, acceptation. Cette femme déversait dans le wagon ses malheurs et ses problèmes, sans s'inquiéter des autres personnes présentes et de leurs propres situations. A-t-on le droit au nom de sa souffrance de l'imposer aux autres, à des inconnus ? Peut-être y avait-il parmi les passagers des gens qui avaient au moins autant de problèmes qu'elle et qui les gardaient pour eux ou pour d'autres lieux. Les smartphones ont favorisé le déversement du privé sur le public. Je ne crois pas qu'ils favorisent plus d'humanité ou de réel partage.
      Je te souhaite une douce soirée, Pascal, avec une pluie...de notes...

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    2. Ma pluie de note :-)

      https://www.youtube.com/watch?v=OAt6bYH5Bj0&list=RDOAt6bYH5Bj0&start_radio=1&t=19

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  2. Coucou ma Dad. Celles et ceux qui parlent trop haut sont souvent celles et ceux qui n'ont rien à dire. Bises alpines dans la tempête de neige. Je suis en train d'écouter la BO du Seigneur des Anneaux. Que de souvenirs! :-)

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    1. Cette femme semblait ne tenir aucun compte des autres. Il semblait que son mal-être avait la priorité sur tout le reste. Je ne suis pas sûre que les problèmes étalés soient ceux qu'on est le plus à même de traiter. Il y a des personnes comme ça : leur douleur doit toujours être au centre. Est-ce que ce sont les plus malheureux ? Pas certain.
      Une tempête de neige ? Le rêve! Bien au chaud, avec un thé, de la bonne musique, en sachant que la tourmente reste dehors. Belle soirée (ici : biscuits, saison 1, on commence par la base, les "brutti ma buoni" et les sablés).

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  4. J'ai du mal moi aussi avec ces personnes qui s'affichent ainsi, cela me met mal à l'aise. C'est comme si elles nous infligeaient une sorte de voyeurisme sur leurs problèmes et leurs misères, sans retenue, sans discrétion. Oui, j'ai vraiment du mal. Alors si je me trouve dans cette situation, je m'évade dans mes pensées pour ne plus entendre.
    Belle fin de soirée, et une douce nuit, ma chère Dad.

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    1. Tu as raison : s'évader. Il m'arrive parfois de changer de place. Mais là, il s'était passé le phénomène : " Essayez pendant cinq minutes de ne pas penser à un éléphant blanc". impossible. Du coup, je me suis mise à observer, en position méta.
      Toute belle journée, Françoise, belles rencontres, belles images.

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  5. C'est triste ces personnes qui en sont réduites à n'avoir de l'existence que par l'étalage de leurs malheurs réels ou supposés, espérant ainsi au moins être écoutées, tout en sachant (ou pas) que l'autre, là-bas au téléphone, à poser son Smartphone sur la table et s'occupe à autre chose. De temps à autre il reprend l'engin moderne pour dire « oui, oui », puis le redéposant sur la table, continue à vaquer à des choses supposées en valoir la peine.
    En revanche, ceux du wagon sont les plus à plaindre. Eux, ils subissent réellement ! C'est la raison pour laquelle ils seraient légitimés à réclamer chacun au moins un euro en dédommagement…

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    1. Il y a des gens comme ça : leurs problèmes prennent toute la place. Ont-ils été mal aimés, mal sevrés ? Va savoir… Ils sont certainement à plaindre, puisque, s'estimant les plus malheureux, ils finissent par le devenir... Un euro ? Impossible! Ils seraient ruinés à la fin de la journée ! Belle et fructueuse après-midi.

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