Dans le métro new-yorkais / 1978 / Helen Lewitt
La crise du Covid a vu émerger un nouveau type de grincheux : le râleurus hystericus. Une forme perfectionnée, due à une mutation encore mal expliquée. Son pendant féminin, la ronchonna hysterica, n'a rien à envier à la version masculine. Facilement identifiable, malgré son masque, à ses petits yeux courroucés, qui pourraient vous fusiller sans sommation, sitôt que vous êtes assimilé à un potentiel danger, le râleurus hystericus sait mieux que quiconque comment se comporter face à la pandémie. C'est bien simple : tout le monde fait faux. Sauf lui. Il fulmine dès qu'il se sent en danger (et il se sent très souvent menacé).
On voudrait gentiment l'inviter à faire un pas de côté, esquiver les heures de pointe et les lieux fréquentés, aller se balader en plein air, dialoguer avec les arbres, admirer les vols émouvants des oiseaux migrateurs ou... rester chez lui faire des mots croisés. On voudrait lui suggérer d'écouter quelques mesures de la Passacaglia en do mineur de Jean-Sébastien. Mais... le râleurus tient à faire comme il l'entend et comme tout le monde ne l'entend pas de son oreille, il s'énerve, il s'agite, il crie. Il est au centre de son monde, et pas question pour lui de se décentrer. Son souci en do majeur, c'est lui.
Inenvisageable en ce qui le concerne de concevoir que cet homme pressé puisse craindre de se faire licencier. Ou que cet enfant turbulent doive composer chaque soir avec le stress de ses parents. Le ton monte (il peut monter très fort dans les aigus). Pour un oui, pour un non, pour un décimètre négligé, pour une quinte non réprimée, pour un chien s'approchant redoutablement du sien.
Mieux vaut donc éviter de s'y frotter : à peine le râleurus identifié, la solution la plus sage est de s'en tenir éloigné. Notre grincheux fait ainsi le vide autour de lui. Il en déprime, c'est désolant, et ça le fait encore plus enrager. Mais au moins se met-il ainsi, il faut l'espérer, à l'abri de la pandémie...
Aujourd'hui, hasard ou coïncidence, sort le film d'Albert Dupontel "adieu les cons"....
RépondreSupprimerBonne fin de journée.
Un hypocondriaque hyper-con en somme (sourire).
RépondreSupprimerBonne soirée Dad.
Voilà de quoi réactualiser « Les caractères » de La Bruyère !
RépondreSupprimerCe billet décrit une personnalité qui a peur et qui est autocentrée au point d'en devenir rigide et agressive. Est-ce la définition d'un "con" ? Dans ce cas, comme l'indique le titre, nous serions tous plus ou moins concernés (une amie bien intentionnée, dès qu'elle entend le mot "con" se hâte de s'exclamer : "On est toujours le con de qqn"). Merci, Alain, pour la référence à La Bruyère : je réalise que sur une île déserte, je prendrais volontiers ses Caractères. Histoire de me sentir moins seule et peut-être aussi histoire de jouir pleinement de ma solitude!
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