dimanche 10 janvier 2021

Vivre : l'énigme de janvier

 
Retable Montini (détail St-Jean-Evangéliste/ Cima da Conegliano / Galerie nationale de Parme

Parfois, en janvier (pourquoi particulièrement en janvier ?) on en vient à se demander ce qui se passe dans la tête de quelqu'un qui fait la gueule (ou, plus élégamment exprimé : qui se met à bouder). D'où provient cette hostilité, d'où provient ce besoin d'esquiver, ces yeux qui ne veulent pas voir et ces mots qui ne veulent qu'agresser ? Quelle phénomène chimique dans le cerveau, quels souvenirs remontés, quelles mayonnaises mal tournées, quelles aigreurs endurées, quel manque désespérant, quel besoin désespéré ? 
Face à ces mines renfrognées, inspirer un bon coup, ne pas donner prise, lisser ses ailes intérieures, tourner son regard vers les busards et leurs volutes si parfaitement maîtrisées,vers les envols synchrones des étourneaux risque-tout et laisser les choses se faire : le soleil des mauvais coucheurs finira, on l'espère, par se lever. Et février par arriver.
 
 

5 commentaires:

  1. Pourquoi plus en janvier que les autres mois de l’année!!!?? Je suis surprise!
    En dehors des boudeurs manipulateurs, il est, je crois, des boudeurs cherchant à masquer leur colère légitime ou pas, leur tristesse ou leur trop plein d’émotions. Probablement un système de défense pour faire face à leurs peurs.
    Laisser passer, laisser faire un temps...puis tenter le dialogue le moment opportun. Peut-être.
    Ici le soleil brille réchauffant corps et cœur. Belle soirée.

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    1. ...j'y ai encore réfléchi... je crois qu'il y a les Fêtes tant attendues qui sont derrière soi et qui peuvent avoir apporté des attentes déçues, les températures qui chutent, la déclaration d'impôt qui doit être remplie, les matins sombres, le soir qui tombe tôt... l'organisme peut-être aussi, trop sollicité, trop nourri, trop de gras, le corps qui aspire à ralentir alors que notre société demande toujours les mêmes prestations et rythmes... et puis il y a aussi une question de caractère et de constitution, naturellement... oui, janvier est un mois où les gens font grise mine...
      Chez nous aussi, tout à l'heure, au bord du Léman, une lumière splendide, un froid vif qui rappelait nos séjours vénitiens (mmm!)... oui, l'hiver dans toute sa splendeur et... naturellement aussi, tôt ce matin : le plateau glacial et merveilleusement habité par divers chants d'oiseaux, les champs où passaient furtivement des renards et quelques chevreuils... les joies de l'hiver qui se "fait".

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  2. — Allô oui ! Merci de me rappeler pour témoigner en tant que « ex-boudeur professionnel ». Oui, j'ai arrêté ce sport lamentable (pour moi et pour les autres…) il y a déjà un bon nombre d'années. Essentiellement à cause des conséquences sur la santé des relations, j'ai cessé la pratique de ce sport grace à un traitement psychothérapeutique, durant un certain temps car les racines de la bouderie peuvent être très profondes.

    Sur question : — oui, je confirme il n'y a aucune volonté d'agresser quiconque sauf soi-même. Vous avez raison aussi de parler de chimie du cerveau, de manques profondément creusés, et de besoins profondément refoulés et dont on attend généralement la satisfaction d'une ou plusieurs personnes. Si on n'obtient rien en retour, la bouderie semble une forme de vengeance light à portée de main.

    Sur question : — oui vous avez raison la bouderie n'est pas contre la personne du présent, on aurait tort de le croire. Elle est ditigée à la fois contre soi-même et contre une kyrielle de personnes de l'histoire passée qui se met à défiler dans le cerveau du boudeur, ou non, selon son degré de conscience possible, vu qu'il s'enferme à quadruple tour dans sa bouderie, dans un donjon imprenable, avec un système de défense sur-équipé, construit et fabriqué de longue date.

    Sur question : — En effet, ne faites rien. Comportez-vous comme si de rien n'était. C'est efficace. Vous décrivez très bien comment il faut s'y prendre pour que le boudeur se rende compte de l'inefficacité de ce type d'appel au secours qui "tombe à plat" faute d'entrer dans son jeu.
    C'est ainsi que ça finit par s'éteindre faute de combustible, comme s'éteint un feu dans la cheminée quand on arrête de mettre des bûches.
    Quand le soleil réchauffant des relations est revenu, réjouissez-vous. Le boudeur ne dira rien, mais vous sera infiniment reconnaissant d'être demeuré dans l'amour de sa personne, et non en vous fixant sur sa bouderie.

    Sur question : — oui, c'est un peu un paradoxe. Il faut faire « comme si » la bouderie n'était pas là. Sinon c'est remettre des bûches dans le feu. En revanche être pleinement présent à la personne qui est toujours là à l'intérieur de sa forteresse, et c'est là qu'on la rejoint par son amour pour elle. Alors se retissent lentement chez le boudeur les fils cassés, les éclats de peinture de l'œuvre qu'il est, et qu'on aime, les restaurations qui s'effectuent, les vieux vernis jaunis qui s'effacent… un jour peut-être dira-t-il la reconnaissance qu'il n'avait pas su exprimer jusque-là.……

    (sur le choix de l'illustration : alors comme ça Saint Jean était un boudeur ? ;-))) *rire* )

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    1. AlainX, vous êtes imprévisible! Est-ce bien vous qui avez signé hier ici un commentaire d'un genre pour le moins différent ? Vous aimez jouer aux montagnes russes, semble-t-il?
      Cela dit, mon cher Alain, oui, tu as sans aucun doute bien analysé, de manière approfondie, tout ce qui se passe dans la tête d'un boudeur. Un mal être intérieur, un malaise difficilement géré, qui tire ses racines de très très loin et qui doit sans doute être affreusement difficile à vivre.
      Oui, il y a tout qui tient du domaine psychologique. Et en même temps, il ne faut pas négliger l'aspect social, environnemental qui a un fort impact sur les individus. Voir ce que j'ai écrit à Ghislaine plus haut. Sans compter la crise actuelle qui amplifie ce mal de vivre de janvier, s'ajoutant à l'hiver, au froid, et à toutes les agressions sociales de ce moment précis de l'année. Pour toutes sortes de raisons, beaucoup de gens sont éprouvés. Le tout est de ne pas se laisser atteindre par la morosité. Garder intact son élan vital.
      PS : non! Saint jean n'est pas boudeur! mais il me semblait qu'une belle tête de sage interrogateur illustrerait bien mon propos. Cima da Conegliano, peintre de Vénétie (XVe), est un de mes peintres préférés. J'aime sa façon à nulle autre pareille d'exprimer des sentiments et des états d'âme sur les visages de ses saints. Toute la profondeur humaine dans ses regards.

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    2. Le commentaire du jour précédent était une manière distanciée de tordre le cou à cette petite voix des « surmoi » qui ne mérite rien d'autre qu'un pied aux fesses…
      merci de l'avoir compris.

      Tu as raison pour ce qui est de l'aspect social et environnemental dans le contexte actuel. Subir une telle épreuve dans la durée fait resurgir nos points faibles, nos manques et nos fragilités. Soutenons-nous au mieux les uns les autres pour garder notre élan vital vivace. Oui, tu as parfaitement raison sur ces points.

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