samedi 30 janvier 2021

Vivre : l'incompris

 
 Autoportrait / Jan Lievens / SMK / Copenhague
 
Il sème des exigences, il récolte des refus.
Il voudrait qu'on le reconnaisse, il est souvent déçu.
Il aimerait qu'on l'aime, mais mieux et surtout plus. 


5 commentaires:

  1. Même avec un tel regard, il est loin d'apercevoir le début de la fin de ses tourments intérieurs…

    -----------
    petite remarque sur l'œuvre choisie.
    Tu as recadré l'autoportrait en vue d'illustrer (ce qui n'est pas un reproche) c'est intéressant parce que lorsqu'on compare avec l'original, ce n'est pas vraiment le même portrait. Sur l'original le regard est droit, relativement « neutre ». Sur le recadrage il apparaît beaucoup plus hautain, survalorisé, ce qui illustre bien ton propos d'ailleurs.

    Mais ma remarque est générale. Comment une même chose, sous des angles différents, d'autres présentations, etc., peut grandement changer ce qui est donné à voir. Bon, ce n'est pas une découverte pour moi bien entendu. Mais c'est une illustration intéressante. Se méfier des apparences que l'on choisit. Je pense à tout ce qui se véhicule sur Internet, les réseaux sociaux : comment présenter l'image sans vraiment le manipuler pour mieux orienter vers une vérité plus ou moins fabriquée, ou une thèse que l'on veut alimenter par des éléments aux apparences du vrai…
    (je redis que ces propos généraux s'éloignent du contenu de ton billet bien évidemment).

    Belle journée douce pour toi

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tes remarques sur l’œuvre sont très intéressantes, pour de multiples raisons :
      1/ Sauf très rares exceptions _ 0.1 % peut-être - toutes les photos ici sont de moi. Les autres sont dûment mentionnées, naturellement. Faire des prises quand je visite une expo augmente ma capacité à regarder, intensément. Il me faut d'abord me centrer sur l'ensemble, puis je m'attache aux détails et enfin je photographie.
      2/ J'ai discuté avec R. récemment à propos du fait de "signer" mes photos. Il était évident pour nous que je pouvais signer les miennes, par exemple celles de paysages, mais quand nous avons parlé de celles prises dans les musées, c'était plus complexe. "non", puisque tu n'es pas l'artiste", m'a-t-il dit. "oui, parfois" puisque je recadre", lui ai-je répondu. Car recadrer, pour moi, c'est (parfois) réinventer. Donc, selon cette règle récente, j'aurais dû signer cette photo, puisque c'est une reconstruction du réel, un peu comme un traduction est une reconstruction de texte, du reste (un roman étranger doit porter le nom du traducteur, car il en est partiellement le co-auteur).
      3/ La légende d'une photo en revanche est toujours très importante, car on doit pouvoir aller à l'original et à l'artiste original (je déplore tous ces emplois d'images, sans titre, sans auteur et sans lieu d'exposition, ça me semble de l'abus. Une œuvre doit être retraçable. De plus, si on reprend sur internet une photographie d’œuvre faite par qqn d'autre on doit l'indiquer. Enfin, ça, c'est mon éthique à moi).
      4/ Je ne recadre jamais pour illustrer mes billets ici. Càd, je ne retire pas un détail d'une photo d’œuvre à des fins d'illustration. Je pioche dans ma photothèque ce qui me paraît le plus apte à illustrer. En revanche, dans un musée, je prends très très souvent des détails. Pour de multiples raisons : c'est le détail qui m'intéresse, ou alors les reflets de la lumière sur une partie de la toile gâcheraient l'ensemble, ou encore une partie me semble faire un tout (ex. ce qu'on aperçoit à travers une fenêtre dans une peinture de la Renaissance italienne). J'adore faire ça, aussi parce que quand on regarde seulement l'ensemble d'une œuvre, on perd beaucoup sur le travail de l'artiste. Le génie se perçoit dans les détails. En regardant uniquement l'ensemble, on ne réalise pas que le peintre a passé du temps (s'est esquinté les yeux avec un minuscule pinceau) pour réaliser des paysans penchés dans les champs qui paraissent anodins et mesurent à peine un centimètre, etc etc.
      5/ Pour autant qu'il m'en souvienne, ce portrait de J.Lievens a été pris dans une petite salle inondée de lumière (les fameux spots qu'on place pour "mieux" voir les œuvres exposées. Je crois que c'est elle qui m'a obligée à pencher mon appareil.
      6/ En écrivant, je réalise que je n'ai pas signé ma photo de l'Arlequin passée le 27 janvier. Or, j'aurais vraiment dû le faire, car c'est moi qui ai décidé de "générer" qqch de nouveau avec une sculpture et un tableau dans une même salle de musée.
      7/ Enfin, d'une manière générale, je pense qu'il n'existe pas de photographie "neutre". C'est une vue de l'esprit (même les cartes postales sont des images botoxées). C'est comme le journalisme neutre, ou la littérature neutre. Une invention pour faire passer la pilule.

      Supprimer
    2. Donc, pour conclure, non, tes propos ne s'éloignent pas du contenu du billet. Une fois le texte écrit, j'ai cherché dans mon stock et j'ai trouvé dans ce Lievens réorienté l'exemple d'un homme inondé d'ombre et de doute et qui se cherche. Et... c'est lui que j'ai choisi.
      Merci donc pour ton regard attentif. Ta remarque sur ce qui se pratique sur les réseaux sociaux, je me la suis faite cette semaine à propos de Bernie Sanders et ses moufles en laine, lors de la cérémonie d'investiture. Sur la base d'un cliché, on a inventé une histoire, mis en rupture de stock une petite manufacture artisanale de gants et... rendu populaire un homme qui se bat depuis des décennies pour plus de justice sociale. Indécent, non ? On est jugé sur un cliché d'une seconde pour le travail d'une vie... cela laisse songeur. Bon.Tant mieux pour Bernie!
      Je te souhaite une soirée aussi chaleureuse et enveloppante que les gants de B.S.!

      Supprimer
  2. "L’incompris" me ramène au film de Luigi Comencini comme par magie, ce film m’ayant profondément touchée il y a longtemps.
    Et puis, le besoin de reconnaissance.... chacun a besoin d’être reconnu par des personnes importantes pour lui-même, aimé pour avoir la sensation d'être apprécié, d’avoir une certaine valeur et donc d’exister. Je suis reconnu, donc j’existe.
    Une enfance sans valorisation ou survalorisation crée une dépendance à l’Autre.
    Apprendre à reconnaître ses vraies compétences sans jugement négatif pour acquérir sa liberté d’être et d’agir.
    Bien douce soirée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. L'incompris de Comencini ? Mais... c'est un de mes films préférés! Je ne peux pas le regarder sans fondre en larmes. Je crois même lui avoir consacré un billet ici.
      http://zencok.blogspot.com/2016/08/vivre-chagrins-denfance.html
      Eh bien, c'est curieux : en écrivant ce texte d'aujourd'hui, je n'ai pas du tout fait le lien.
      Etrange, n'est-ce pas ?
      Merci de ce commentaire et très belle soirée à vous!

      Supprimer