jeudi 28 janvier 2021

Vivre : ce rêve familier

 

Cette sinuosité si douce et familière, s'offrant tous les jours humblement à mes yeux, c'est étonnant à quel point elle peut se révéler à chaque fois ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre. C'est elle, là, à chaque instant, qui change, se modifie selon l'heure, la saison, le temps. C'est mon regard aussi, qui évolue, se faisant plus ou moins attentif, ou admiratif, ou absent.
Aimer une montagne ou un être au quotidien, c'est pareil. L'objet change, fluctue, sans arrêt, au fil de ses météos intérieures et de ses saisons. Et le regard, s'il veut préserver l'étonnement, se doit d'être toujours curieux et présent. Le regard sage observe et s'attache à noter la suite des variations. Le regard déficient, lui, croit avoir tout compris, affirme : je le connais comme ma poche, les choses lui passent sous les yeux, il voit, mais sans rien percevoir dans le fond.




8 commentaires:

  1. Oui, c'est tout à fait cela, Dad, il faut savoir garder un regard nouveau pour chaque chose, pour chaque être, et ne pas se dire qu'il n'y a plus rien à découvrir. Il y a toujours source d'étonnement et pourquoi pas, d'émerveillement. Oui, je suis d'accord avec ce que tu dis.
    Belle fin de journée à toi.

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    1. Et en te lisant je me dis que ce regard nouveau, on peut aussi toujours le porter sur nous-mêmes.
      Dans le fond, on croit se connaître, savoir ce qu'on veut, qui l'on est. Mais... on pourrait aussi se surprendre parfois!

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    2. Oui, bien sûr Dad, savoir porter un regard nouveau sur nous-mêmes aussi :-)

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  2. Bonjour, bien observé bien exprimé sur ce vers de Verlaine, et ma pensée a même fait un tour du côté des variations Goldberg de Bach, dont on ne se lasse pas non plus.

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    1. Dans "Mon rêve familier", que nous récitions enfants en primaire, Paul parle d'une femme idéalisée, imaginée. C'est si juste, ce : "ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre." Cette montagne, le Jura, c'est une réalité, mais c'est aussi un rêve. Selon comment je la regarde (banalement, ou avec des yeux rêveurs) elle change à chaque fois. Je crois que Verlaine parle des créations incessantes de notre imaginaire à partir de la réalité. Quant aux variations Goldberg, le parallèle est tellement adéquat!

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  3. ...j'ajoute que tes variations photographiques au gré de la lumière sont remarquables.

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    1. Merci. Comme déjà dit, n'étant pas photographe, j'estime toujours que c'est le sujet qui est merveilleux, et que si la photo est bonne, c'est que le hasard m'était favorable ce jour-là!

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  4. On peut dire ça mais, au delà de la lumière intéressante, composition et cadrage - ici en privilégiant volontairement le ciel - ne sont pas tout à fait dûs au hasard, mais plutôt à l'orientation de l'objectif, instinctive soit-elle.

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