La jeune glaneuse / Paul Peel / Musée des Beaux-Arts de l'Ontario / Toronto
C'est une évidence, tellement évidente qu'on n'y pense pas souvent : pour tant de choses qui s'achèvent, qui nous lâchent, nous abandonnent, qu'on laisse s'en aller ailleurs faire leur chemin, tant de choses se présentent qu'il s'agit d'observer et de laisser s'approcher.
Cette question, le soir de Noël : avais-je jamais tricoté ? qui m'a conduite à aller rechercher au fond d'un placard un pullover entièrement créé sous mes doigts rêveurs et inspirés, lequel dormait là depuis... quoi ? trente ans peut-être, cette question m'a ramené une pluie de pelotes et me voici à chaque moment libre en train d'inventer en parallèle deux créations uniques (qui seront je l'espère achevées avant l'été!).
Cette personne rayonnante attirant détente et bonne humeur, sans se soucier d'éventuels retours, ni de possibles rebuffades, cette personne lumineuse, cette présence originale, je la veux, je la vise, je la vois. Et cette autre, tellement orientée solutions, que, face à elle, on ne peut concevoir le moindre problème, je l'embarque, elle aussi, dans mon caddy d'envies.
Et cette balade du soir, qui s'est imposée d'elle-même, et m'offre une lumière qui pavane dans toute sa magnificence, ponctuée de roucoulements lents, longs et satisfaits. Et ces mots qui s'invitent : certainement, mais bien sûr, d'accord, bien entendu. Et ces nouveaux rythmes qui se présentent, nouveaux chants, nouvelles voix, tout ce que je désire accueillir, je leur ai fait place, les voici, les voilà.
Ces temps-ci, quelque peu complexes et troublés, j'ai plus le sentiment que certaines choses qui s'approchent feraient mieux de s'éloigner. Et même de disparaître au-delà de l'horizon de ma conscience.
RépondreSupprimerMais bon, puisque tu parles de tricot, j'espère que de mon côté je ne suis pas en train de filer du mauvais coton.
;-)
Tout, tous, tous azimuts ne parlent que pandémie et catastrophes probables, annoncées, prévisibles, programmées. Je sais. Je n'ai pas écrit ce billet dans ce sens, mais pour répondre à ton intervention, je sens en ce qui me concerne l'envie de vivre, toujours bien présente en moi. Un désir de découvrir et de créer. Je ressens très fort cette règle absolue que pour une chose de perdue, une autre sera gagnée. Le tricot est une métaphore... mais tu l'avais compris. Enfin, pour la filer, cette métaphore, même si les événements nous donnent du fil à retordre, nous donnant parfois l'impression d'être sur le fil du rasoir, et que l'écheveau est toujours plus difficile à démêler, l'important est de tisser du lien, de renforcer la trame, de tenir bon et de ne pas s'effilocher.
SupprimerBref, j'allais dire : il n'y a que maille qui m'aille. Mais... je craindrais que la moutarde te monte au nez!
La dernière ligne m'a bien fait rire, et cela fait du bien. Jolie trouvaille !
SupprimerL'État ambiant n'arrange rien, mais ce sont quelques catastrophes personnelles que j'évoquais. Et justement j'ai peine à retrouver ce que tu dis : « un désir de découvrir et de créer ». Mais en lisant ton commentaire, je sens qu'il n'est peut-être pas loin. Comme un antidote, sauf que j'ai peine à porter aux lèvres le verre qui le contient. Mais bon, de la coupe aux lèvres il ne peut jamais y avoir plus que la longueur du bras. Ça ne fait pas des kilomètres non plus…
Cher Alain,
SupprimerNon seulement tu as du répondant, mais aussi du ressort. De quoi rebondir avec aplomb et élégance! Belle soirée!
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RépondreSupprimerQuel message réjouissant dans cette période morose! Comme cette respiration fait du bien!
RépondreSupprimerGrand merci. Belle soirée.
Tiens, Ghislaine, j'ai pensé à vous l'autre jour en écoutant le Grand Atelier consacré à Robert Bober, lequel avait invité Mona Ozouf à y participer : https://www.franceinter.fr/emissions/le-grand-atelier/le-grand-atelier-24-janvier-2021 (Je sais que vous aimez cette fine intellectuelle)
SupprimerElle intervient à la moitié de l'émission environ, en évoquant une période de quasi dépression qu'elle traversait cette année durant une hospitalisation. Elle se trouvait incapable de lire. Relire, oui, mais lire, impossible. Et c'est le livre de R.Bober "Par instants, la vie n'est pas sûre" qui lui a redonné le goût de recommencer. J'ai pensé que cette intervention vous plairait.
Belle journée à vous (ici, froide et enneigée, magnifique)
Un grand merci; j’ai passé un très agréable moment. Comme le dit Monaco Ozouf, certains livres, certaines rencontres lecteurs-ecrivains sont des contes de Noël, des petits miracles. Et comme le rappelle Robert Bober, bien des rencontres ne sont pas coïncidences mais correspondent à un moment donné de notre vie.
RépondreSupprimerCerise sur le gâteau:Isabelle Huppert!
Belle soirée.
Tant mieux, si ça vous a plu. J'ai trouvé cette récupération de l'aptitude à lire fascinante.
SupprimerET oui : Bober, Ozouf, Huppert, sans compter les autres, un beau plateau nous était servi! Belle soirée!