mercredi 25 novembre 2020

Vivre : Still life / 95

 
 
La folie, c'est de se comporter de la même manière et de s'attendre à un résultat différent.
Albert Einstein
Lorsqu'un homme assiste sans broncher à une injustice, les étoiles déraillent.
Berthold Brecht
Le succès, c’est d’aller d’échec en échec, sans perdre son enthousiasme.
Winston Churchill
J'adore parler de rien. C'est le seul domaine où j'aie de vagues connaissances.
Oscar Wilde

Fin novembre, c'est le moment où se prépare le calendrier de l'Avent. Cette année, un choix de vingt-quatre citations, accompagnées d'un carré de chocolat noir, pour inviter une personne à qui l'on pense très fort à méditer, s'antioxyder et se détendre jusqu'aux Fêtes (lesquelles risquent d'être plus que jamais mal nommées). 
Pour faire mon tri, il m'a fallu lire passablement de phrases ou de vers, qui m'ont fait rêver, ou méditer, ou rigoler (préparer ce genre de présent donne toujours matière à agrément). Mes deux préférées restent la plus courte : Tout s'arrange, même mal (Alfred Capus) ainsi que la plus longue, de l'indispensable Rilke, le cher, le sublime Rilke, qu'il a fallu imprimer en caractère 8 (si difficile de le faire entrer dans une case!) : Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas ( c’était une joie faite pour un autre ), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles – et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers. 

2 commentaires:

  1. Quelle jolie idée ! J'aimerais recevoir un tel calendrier ... et aussi en concevoir un, mais ce sera pour l'année prochaine.

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    1. Oui, plaisir de donner, plaisir de recevoir. Comme vous, moi aussi j'aimerais bien que quelqu'un m'en fasse un quelque part.
      Il est temps d'aller sruprendre les nuages : belle journée, belles photos.

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