jeudi 16 janvier 2020

Vivre : ce qu'elle souhaitait


Le modèle Jane Morris dans l'atelier de D.G. Rossetti / John Robert Parsons /  
Exposition La peinture anglaise / Fondation l'Hermitage / Lausanne / 2019

Devant ma question, la fille a vaguement souri. Elle a détourné le regard au loin, vers les deux voiliers qui traçaient de fins sillons turquoise sur le lac. Puis elle a dit : Être un peu plus celle que je suis, un peu moins celle qui craint de ne pas être assez bien. 

6 commentaires:

  1. Coucou Dad. Une réponse bien sage que l'on devrait toutes et tous faire à ce genre de questions. Mais malheureusement, l'autocontrainte et le diktat de la société nous empêchent parfois d'être véritablement nous-mêmes. Les rêves ne doivent pas toujours rester à l'état de rêves. Bises de plaine

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    1. Comment être soi-même dans un monde de brutes ? Un monde de paraître, d'hypocrisie et de contraintes ? Comment faire pour concilier notre état naturel et spontané avec notre condition d'être social et socialisé ? Nous sommes sans cesse sur une corde raide, désirant nous protéger, nous respecter, sans nous faire broyer par les comparaisons et les obligations. C'est pour cela qu'existent les cabanes, les sommets, les poèmes, parce qu'en les construisant, en les escaladant, en les lisant et en les écrivant, nous nous forgeons des nids pour nous réfugier. Dans ces abris, nous pouvons nous ménager, récupérer, nous écouter, entendre notre vérité. Si on parvient à ça, c'est un bon début. Après, il s'agit d'aller à tâtons cerner la limite du territoire que notre personne peut occuper sans craindre de se faire laminer. Dresser une cartographie des possibles... Et, à part ça, il arrive quand même dans la vie de rencontrer des gens assez convenables pour nous accepter tels que nous sommes. Pas beaucoup, il est vrai, mais est-ce de "beaucoup" que nous avons besoin, ou de "suffisamment" ?

      PS : Moi-même, j'ai rencontré l'an dernier d'un être qui m'accepte entièrement telle que je suis et se fout royalement de ma coupe de cheveux, de mes sautes d'humeur et de mon opinion sur la réforme des retraites (bon : moyennant une dose suffisante de croquettes, de balades et de caresses : on n'a rien sans rien!).

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  2. Je reviens pour dire encore ceci: je demande toujours aux gens que j'accompagne dans le cadre de mon travail de me dire ce qu'ils aimeraient eux... et non pas ce que les encadrants veulent d'eux. Et à chaque fois, je suis surprise de voir dans leurs yeux leur incompréhension face à cette question, comme s'ils n'arrivaient plus à réfléchir par eux-mêmes et étaient déjà happés par un système contraignant qui leur enlevait toute possibilité de construire leur projet...

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    1. Leur réaction est tout à fait normale. Pour pouvoir dire "je veux" ou même "je voudrais" il faut pouvoir dire "je". Et rien ne brise autant le fragile "je" que le manque de respect, le manque de perspectives, le manque de regard positif.
      c'est pour cela que, à ta manière simple et modeste, tu es une fée, tu vaux de l'or (cf mon billet d'hier) : tu peux les amener à savoir prononcer ce "je", suivi de tous les verbes qu'ils voudront bien conjuguer. CQFD. Belle fin de journée, chère Dédé!

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  3. Un beau regard entre détermination et acceptation
    cette photo nous montre tout le chemin parcouru par la femme vers sa libération,
    mais il reste encore tant à parcourir vers sa Liberté

    J’aime aussi de John Robert Parsons cette photo pour son mouvement immobile, la façon dont elle est assises, son regard ….
    https://fragrantblossoms.tumblr.com/post/156039401380/john-robert-parsons-jane-morris-posed-by-dante
    :-)

    PS : La confiance en soi, ce battre contre ses pensées ;-)

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    1. La personne en question disait souhaiter se libérer du regard des autres, de leurs jugements pour vivre selon ses valeurs et critères personnels. Probablement qu'elle avait intégré -forcée ou pas - des jugements extérieurs et qu'elle se mettait trop de pression, pour s'adapter à des attentes réelles ou supposées (parfois, nous sommes de tels ennemis pour nous-mêmes). Je me suis demandé si son problème était typiquement féminin ou si nous ne sommes pas tous potentiellement concernés. Est-ce que, homme ou femme, nous ne sommes pas tous tentés de nous conformer ? et parfois même au-delà de ce qui nous est demandé ? Est-ce qu'il n'y a pas un moment où nous pouvons dire : stop ?
      Les concepts de "libération" et de "liberté" sont absolus et difficiles à manier. Les femmes, c'est sûr, ont davantage de combats à mener pour le respect de leurs droits et leur respect tout court. Je crois quand même que cette phrase, cette réponse aurait aussi pu être donnée par un homme. Les problèmes de confiance en soi, d'estime de soi nous concernent tous, non ?
      Vaste question. Belle soirée.

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